Description de la situation :
L’Observatoire a été informé de l’intrusion au domicile et des attaques et actes d’intimidation à l’encontre de M. Dismas Kitenge, président du Groupe Lotus, une organisation non gouvernementale membre de la FIDH et du Réseau SOS-Torture de l’OMCT basée à Kisangani, en RDC, qui dénonce les violations des droits humains, alerte l’opinion publique et enquête sur les pratiques des autorités afin de les contraindre à respecter les règles de droit. Le Groupe Lotus soutient également les victimes de discrimination et d’oppression en raison de leur appartenance à un groupe social, national ou religieux, ou de leur opinion politique. Enfin, l’organisation enseigne et promeut les droits humains et les principes démocratiques pour les faire avancer en RDC.
Dans la nuit du 16 au 17 janvier 2024, entre 2h et 4h du matin, des individus non identifiés se sont introduits par effraction au domicile de Dismas Kitenge à Kisangani, où il se trouvait avec sa famille. Les individus ont emporté une télévision et d’autres biens de valeur se trouvant dans différentes pièces de la maison avant de prendre la fuite à bord d’un véhicule non identifié.
De nouveau, dans la nuit du 18 au 19 janvier 2024, des individus non identifiés ont attaqué le domicile de Dismas Kitenge à l’aide de jet de pierres.
Dans la nuit du 21 au 22 janvier 2024, entre minuit et 2h du matin, une voiture non identifiée a été vue autour du domicile de Dismas Kitenge, avec à son bord des individus scrutant la maison et ses alentours.
Ces deux derniers actes d’intimidation ont été contrés grâce à la mobilisation de membres de famille de Dismas Kitenge venus renforcer la sécurité du domicile du défenseur, par le biais de veilles nocturnes notamment.
Le 22 janvier 2024, Dismas Kitenge a déposé une plainte contre inconnus pour ces faits auprès du Procureur de la République près du Tribunal de Grande Instance de Kisangani.
Cette intrusion et ces actes d’intimidation font suite à la participation de Dismas Kitenge à l’émission de radio « Dialogue entre congolais » diffusée sur Radio Okapi le 16 janvier 2024, consacrée à l’analyse de la majorité parlementaire acquise par l’Union sacrée à l’Assemblée Nationale congolaise à la suite des élections législatives du 20 décembre 2023. Avant d’intervenir dans cette émission, Dismas Kitenge avait déjà analysé et critiqué le déroulement de ces élections à travers des écrits sur les réseaux sociaux en date du 1er et 2 janvier 2024.
L’Observatoire rappelle que ce n’est pas la première fois que Dismas Kitenge fait l’objet de menaces et d’actes d’intimidation. En septembre 2020, M. Kitenge et sa famille ont été victimes de menaces de mort et d’injures via des appels anonymes en raison des prises de position de M. Kitenge contre les autorités et personnalités publiques de RDC. Suite à ces menaces, M. Kitenge a saisi le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Kisangani d’une plainte contre inconnu, demandant l’identification et la poursuite en justice de l’auteur des menaces ainsi que des mesures de protection pour lui et sa famille. En octobre 2020, M. Kitenge et sa famille ont bénéficié de mesures de relocalisation temporaire. Toutefois, au moment de la publication de cet Appel Urgent, aucune suite n’avait été donnée à la plainte déposée par M. Kitenge. En janvier 2022, Dismas Kitenge a à nouveau fait l’objet de divers actes de malveillance, y compris des menaces anonymes et d’injures et d’intimidation, suite à des publications sur les réseaux sociaux. En mars 2023, suite à une interview que M. Kitenge a accordé aux médias RFI et actualité.cd au sujet de la nomination du nouveau gouvernement congolais, des individus armés non identifiés, cagoulés et en tenue militaire, ont attaqué son domicile à Kisangani. Suite à cette intrusion, Dismas Kitenge a déposé plainte contre inconnu auprès du bureau de l’Auditeur supérieur près la Cour Militaire de la Tshopo et des Uélés, mais aucune enquête n’avait été ouverte au moment de la publication de cet Appel Urgent. À l’issue de cette interview, M. Kitenge a également reçu des menaces de mort et fait l’objet d’actes d’intimidation.
L’Observatoire note avec inquiétude que ces récentes attaques répétées ont eu des conséquences néfastes sur la santé de Dismas Kitenge, occasionnant notamment une perturbation de sa tension artérielle, une dépression et des troubles anxieux qui nécessitent un suivi médical sérieux et efficace. De plus, ses enfants mineurs, qui ont également subi fréquemment de tels actes par le passé, sont directement affectés par ces attaques qui les ont fortement traumatisés.
L’Observatoire rappelle également que ces actes se produisent dans un contexte électoral et post-électoral marqué par une hausse des attaques et atteintes portées par les autorités congolaises aux droits et libertés fondamentales, et notamment au droit à la liberté d’expression et d’assemblée pacifique, et à la liberté de la presse.
L’Observatoire exprime sa vive inquiétude face aux nouvelles attaques et actes d’intimidation à l’encontre de Dismas Kitenge et sa famille qui ne semblent viser qu’à le dissuader d’exercer ses activités légitimes de défense des droits humains et son droit à la liberté d’expression.
L’Observatoire appelle les autorités congolaises à mettre fin à ces attaques et actes d’intimidation, à mener une enquête indépendante, rigoureuse, impartiale et transparente afin d’en identifier les responsables et de les traduire devant un tribunal indépendant, compétent et impartial. L’Observatoire appelle également les autorités congolaises à prendre toutes les mesures nécessaires afin d’assurer la sécurité de M. Dismas Kitenge et de sa famille.
Actions requises :
L’Observatoire vous prie de bien vouloir écrire aux autorités congolaises en leur demandant de :
– Garantir en toutes circonstances la sécurité, l’intégrité physique et le bien-être psychologique de Dismas Kitenge et de sa famille, ainsi que de tou·tes les défenseur·es des droits humains en RDC, et veiller à ce qu’ils et elles puissent exercer leurs activités sans entraves ni peur de représailles ;
– Mener une enquête indépendante, rigoureuse, impartiale et transparente sur l’intrusion dans le domicile et les actes d’intimidations à l’encontre de Dismas Kitenge afin d’identifier les responsables et de les traduire devant un tribunal indépendant, compétent et impartial conformément aux instruments internationaux et régionaux de protection des droits humains ;
– Garantir en toutes circonstances le droit à la liberté d’expression dans le pays, tel que consacré par le droit international des droits humains, et en particulier par l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
Adresses :
• S.E M. Félix Tshisekedi, Président de la République, Email : cabinet@presidentrdc.cd ;
• M. Jean-Michel Sama Lukonde, Premier ministre, E-mail : cabinet@primature.cd ;
• Mme Rose Mutombo Kiese, Ministre de la Justice, E-mail : minjustdh@gmail.com ;
• M. Fabrice Puela, Ministre des droits humains, Email : min-droitshumains@yahoo.fr ;
• M. Firmin Mvonde, Procureur Général près la Cour de cassation ; E-mail : pgr_rdc@yahoo.fr, pgr_rdcongo15@yahoo.com ;
• M. Paul Empole Losoko Efambe, Ambassadeur, Représentant permanent de la République démocratique du Congo auprès des Nations-Unies à Genève, Suisse, Email : missionrdc@bluewin.ch / drcgeneva15@gmail.com
• M. Christian Ndongala Nkuku, Ambassadeur, Ambassade de la République démocratique du Congo à Bruxelles, Belgique, E-mail : secretariat@ambardc.eu.
Prière d’écrire également aux représentations diplomatiques de la République démocratique du Congo dans vos pays respectifs.
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Paris-Genève, le 25 janvier 2024
Merci de bien vouloir informer l’Observatoire de toute action entreprise en indiquant le code de cet appel.
L’Observatoire partenariat de la FIDH et de l’OMCT, a vocation à protéger les défenseurs des droits humains victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible. La FIDH et l’OMCT sont membres de ProtectDefenders.eu, le mécanisme de l’Union européenne pour les défenseurs des droits humains mis en œuvre par la société civile internationale.
Pour contacter l’Observatoire, appeler la ligne d’urgence :
• E-mail : alert@observatoryfordefenders.org
• Tel FIDH : +33 1 43 55 25 18
• Tel OMCT : + 41 79 539 41 06