Kinshasa, Kisangani, Paris, 6 décembre 2023. Après la première alternance politique intervenue en 2018, les Congolais⋅es sont de nouveau appelé⋅es aux urnes pour élire leurs gouvernant⋅es. Les élections présidentielle, législatives nationales et communales doivent se tenir le 20 décembre 2023 en RDC. Les élections provinciales (gouverneur⋅es de provinces) auront lieu dans un second temps, en 2024.
À l’approche du scrutin, dans un contexte prolongé de violence, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et ses organisations membres en RDC, le Groupe Lotus, l’Association africaine de défense des droits de l’Homme (Asadho) et la Ligue des électeurs, souhaitent rappeler l’importance du bon déroulement des élections. Il s’agit d’un moment crucial pour renforcer la gouvernance démocratique et accroître la participation politique effective de tous et toutes.
La FIDH et ses organisations membres sont en particulier préoccupées par les attaques et atteintes portées aux droits et libertés fondamentales, à l’approche des élections. Plusieurs cas d’atteintes à la liberté d’expression et de violations des droits humains par les autorités nationales, y compris les services de renseignements, ont été rapportés, à l’encontre de journalistes, défenseur⋅es des droits humains et opposant⋅es politiques. La répression des manifestations et des atteintes à la liberté de mouvement de certain⋅es opposant⋅es politiques ont également été notées depuis le début de l’année.
La démocratie menacée dans un pays déchiré par les conflits
Dans l’est du pays, notamment dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, la situation sécuritaire et des droits humains demeure très inquiétante, avec les attaques récurrentes des groupes armés, y compris le Mouvement du 23 Mars (M23) et les Allied Democratic Forces (ADF), sur les populations civiles. La FIDH et ses organisations membres sont très préoccupées par la multiplication des forces et acteurs armé⋅es à l’Est.
En outre, les conflits inter-communautaires dans les provinces du Maï-Ndombe et de la Tshopo qui ont déjà fait plusieurs mort⋅es depuis 2022. Les discours de haine qui ont cours sur l’ensemble du pays, y compris dans le cadre du conflit avec le M23 à l’Est, font peser des risques sérieux de violences à l’approche des élections, et pour la cohésion sociale et la cohabitation pacifique dans le pays.
Cette situation de tension rappelle celle qui a précédé les élections de 2018, où des violences intercommunautaires avaient fait des centaines de mort⋅es à Yumbi , dans la province du Maï-Ndombe, mais également des violences aux Kasaïs et dans l’Est, où les Congolais⋅es avaient été exclu⋅es du vote sous prétexte de l’insécurité. L’enrôlement des électeur⋅ices des provinces du Nord-Kivu, de l’Ituri du Maï-Ndombe n’a pas encore été effectué par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), ce qui fait peser un fort risque d’une nouvelle exclusion du vote dans ces zones. La sécurité est primordiale pour les populations et doit être retrouvée dans ces zones, où la méfiance à l’égard du processus électoral et de l’État se creuse depuis deux cycles électoraux.
Dans ce contexte, nos organisations accueillent favorablement la levée graduelle de l’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri en octobre 2023 par le président Tshisekedi. Cet état d’exception en place depuis mai 2021 entraînait des restrictions de l’espace démocratique, alors que les attaques contre les civil⋅es n’ont pas cessé. À l’approche des élections de décembre 2023, nos organisations espèrent que cette mesure permettra une participation effective de tous et toutes au processus, et en toute sécurité.
La FIDH et ses organisations membres en RDC rappellent à tous les acteurs et toutes les actrices pertinentes du processus électoral, qu’il est important d’établir un environnement propice à la tenue d’élections crédibles et apaisées, notamment quant à l’ouverture de l’espace démocratique, la fin des discours de haine et la transparence du processus électoral (publication des listes électorales et accessibilité de la cartographie des bureaux de vote), et d’encourager la participation des femmes en toute sécurité dans le processus électoral.