PREMIERES CONCLUSIONS D’UNE MISSION INTERNATIONALE DE LA FIDH

17/09/1998
Communiqué

Une délégation de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), composée de William Bourdon, secrétaire général de la FIDH, et Santos Lamban, secrétaire général de la organisation affiliée à la FIDH aux Philippines, PAHRA (Philippine Alliance of Human Rights Advovates), s’est rendue à Djakarta du 13 au 17 septembre 1998. La délégation s’est entretenue avec les autorités indonésiennes afin d’évaluer la situation des droits de l’Homme en Indonésie, et notamment au Timor oriental, un peu plus de 100 jours après la chute du Général Suharto. Simultanément, avec le concours d’autres observateurs, la FIDH a rencontré des représentants des partis politiques, de la société civile et des victimes des violations des droits de l’Homme, antérieurs ou postérieurs aux événements du mois de mai 1998.

La FIDH remercie les autorités d’avoir facilité les entretiens avec les ministres concernés ou leurs représentants.

A l’issue de ces différentes rencontres, la FIDH se félicite de l’impact positif de certaines mesures adoptées, et notamment de la libération d’un certain nombre de prisonniers politiques ou l’amélioration sensible de liberté d’expression. Cependant, elle entend souligner que les signes d’une authentique volonté politique de mettre un terme à certaines pratiques (torture, disparitions, harcèlement...), contraires aux principes fondamentaux de protection des droits de la personne, sont insuffisants ou ambigus. A ce titre, la FIDH, rappelant le nombre limité de prisonniers politiques libérés, appelle le gouvernement à l’élargissement immédiat des prisonniers politiques toujours détenus.

Par ailleurs, la FIDH estime que les seules investigations engagées contre certains militaires, soupçonnés d’être responsables de violations des droits de l’Homme, sont largement insuffisantes pour répondre aux aspirations de la population d’en terminer avec la culture de l’impunité. Dans l’attente du transfert, nécessaire et rapide, de l’essentiel des pouvoirs confiés à la justice militaire à une justice civile indépendante et efficace, la FIDH considère qu’il est indispensable qu’un reel pouvoir d’investigation soit confié à une commission d’enquête, indépendante de tout pouvoir.

En outre, la FIDH considère qu’un règlement définitif du conflit et l’installation d’une paix durable au Timor oriental ne pourront voir le jour qu’après un retrait effectif des troupes dans un proche futur. Ils impliquent également, la consultation du peuple timorais. Par ailleurs, les autorités doivent faire face à leurs responsabilités dans la tragédie vécue par la population timoraise. A cet effet, une commission doit être spécifiquement mise en place au Timor oriental, au regard des violations massives des droits de l’Homme qui s’y sont déroulées.

Enfin, il ne saurait y avoir de réelle démocratisation sans que le rôle de l’armée indonésienne ne soit réduit et qu’ainsi elle se désengage du rôle politique et social qui lui a été attribué jusqu’à présent.

La corruption gangrène toutes les démocraties, aussi la restauration dans la confiance de l’Etat implique que soient prises des mesures énergiques, y compris en faisant appel à la coopération internationale, pour éradiquer ce fléau et poursuivre ceux qui ont détourné l’argent public.

Les semaines et les mois à venir seront décisifs : les élections doivent se tenir selon le calendrier prévu, en outre les indispensables réformes pour restaurer l’Etat de droit et assurer une justice indépendante et efficace doivent être soumises rapidement au parlement, parallèlement à l’abolition de toutes les dispositions d’exception.

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