La crise politique péruvienne actuelle a pour origines plusieurs actions du Congrès de la République du Pérou visant à mettre fin au gouvernement du Président élu Pedro Castillo : le désaveu de son triomphe électoral, diverses tentatives de destitution justifiées par une « incapacité morale permanente », la modification irrégulière de la constitution qui a abouti à un déséquilibre des pouvoirs. De son côté, Pedro Castillo a été impliqué dans plusieurs actions irrégulières, actuellement en cours d’enquêtes par le bureau du Procureur général, en particulier des possibles délits de corruption, qui ne sont pas encore l’objet d’accusations formelles.
Le 7 décembre 2022, le Congrès de la République du Pérou devait entendre le Président Castillo dans le cadre d’une nouvelle tentative de destitution. Cependant, ce jour-là, le Président a annoncé à la nation qu’il procédait à la dissolution du congrès, en déclarant l’état d’exception et la réorganisation des structures de la justice. Un acte jugé déplorable dans la mesure où il rompt avec l’état de droit. Cette allocution présidentielle a été rejetée par les principales institutions péruviennes, en particulier que le Poder Judicial, la Defensoría del pueblo, le Tribunal Constitucional, le Ministerio Público, les forces armées et de police.
Quelques heures après l’annonce présidentielle, le Congrès a approuvé un nouveau vote de destitution du Président, sans l’avoir entendu, comme l’exige la Constitution. Le Président Castillo a été arrêté par son propre service de sécurité et détenu dans une prison publique avec une ordonnance de détention provisoire de sept jours. La violation actuelle des droits de la défense de Pedro Castillo est à déplorer. Elle ne résout pas la crise politique, mais l’exacerbe au contraire. Les récentes manifestations dans diverses régions du pays, en rejet du Congrès péruvien, montrent que la population exige des changements politiques et de contrat social au Pérou.
Pour cette raison, les organisations signataires, venant des Amériques et des Caraïbes, appellent à une sortie de crise basée sur des réformes politiques substantielles et à écouter la voix du peuple qui réclame une nouvelle classe politique émergeant de nouvelles élections. Ce processus devrait être accompagné par les Nations unies et d’autres organismes inter-américains. Enfin, les organisations exigent que l’intégrité physique et psychologique de Pedro Castillo soit respectée, ainsi que la vie et l’intégrité de toutes les personnes exerçant leur droit à la protestation sociale.