Le procès Fujimori : la fin de l’impunité ?

04/04/2009
Communiqué
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La FIDH et ses organisations membres au Pérou, la Asociación Pro Derechos Humanos (APRODEH) et le Centro de Asesoria Laboral del Peru (CEDAL), attendent avec beaucoup d’impatience le verdict que la Chambre spéciale de la Cour suprême prononcera ce 7 avril, à l’issue du procès contre l’ancien Président péruvien Alberto Fujimori.

La FIDH, APRODEH et CEDAL espèrent qu’un jugement exemplaire sera prononcé, respectant pleinement le droit des victimes à la vérité, la justice et la réparation, et, plus généralement, que cette décision contribuera à la construction de la mémoire collective et à l’établissement de garanties de non répétition.

Dans ce cadre, la FIDH rend public son rapport intitulé « Le procès Fujimori : la fin de l’impunité ? » (en espagnol), dans lequel, après une description des charges retenues à l’encontre d’Alberto Fujimori et de la procédure ayant amené l’ancien président péruvien à comparaître devant la justice pour crimes contre l’humanité, le déroulement du procès au Pérou est examiné, certaines audiences ayant été observées par des chargés de mission de la FIDH dont M. Alirio Uribe et M. Antonio Donate, ancien magistrat espagnol.

Le rapport de la FIDH confirme que la procédure à l’encontre de M. Fujimori devant la Chambre spéciale de la Cour suprême n’a pas connu d’irrégularité et a scrupuleusement respecté les standards régionaux et internationaux en matière de procès équitable. Il entérine également la consistance des éléments de preuve qui confirment la responsabilité de M. Fujimori comme responsable médiat des crimes qui lui sont imputés.

Devant l’évidence de l’existence de pressions autour du procès qui continuent à mettre des obstacles à la justice et renforcent l’impunité, nous nous voyons dans l’obligation de dénoncer les attaques et menaces proférées à l’encontre des procureurs, avocats, juges, victimes et témoins, ainsi que contre les organisations de défense des droits de l’Homme qui ont accompagné et participé à la procédure. Nous dénonçons, en particulier, une campagne organisée contre l’APRODEH par les plus hautes autorités péruviennes en avril 2008, ainsi que des tentatives de faire obstacle au travail des autres organisations luttant contre l’impunité.

Nos organisations expriment également leurs préoccupations quant au manque de progrès significatifs effectués dans l’identification des victimes et la poursuite judiciaire des responsables des violations graves des droits de l’Homme identifiées par la Commission vérité et réconciliation, ainsi qu’à l’insistance à mettre en oeuvre des lois de justice militaire tendant à renforcer l’impunité des crimes graves commis par les militaires durant le conflit armé interne.

Préoccupés par les appels formulés récemment par les partisans de l’ancien Président Fujimori à manifester dans les rues le refus d’une quelconque condamnation pour ses crimes, nous appelons les autorités péruviennes à prévenir et empêcher les éventuels actes de violence que ces appels annoncent.

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