Le 11 Février, l’OTAN a décidé d’envoyer des forces navales et aériennes afin d’effectuer une surveillance dans la mer Égée et de partager avec Frontex des informations sur les déplacements de navires dans les eaux territoriales turques et grecques. La FIDH ainsi que d’autre organisations ont signalé à plusieurs reprises de nombreuses violations des droits humains, en particulier des expulsions collectives par les garde-côtes grecs sans aucune évaluation de leur situation individuelle et de leur besoin de protection avant de les renvoyer en Turquie. Frontex n’a ni enquêté ni effectué des vérifications sur les allégations de violations des droits humains qui auraient été commises pendant les opérations qu’elle coordonne, et elle n’a pas non plus interrompu ces opérations en dépit de violations des droits humains graves et récurrentes, comme son règlement interne l’y autoriserait. Aucun mécanisme indépendant n’a été mis en place pour permettre aux victimes de déposer plainte. Ces pratiques sont contraires au droit international et européen et en particulier au droit d’asile et au principe de non-refoulement, consacrés par divers instruments de protection des droits humains interdisant aux États de renvoyer des individus vers un pays où ils risqueraient d’être victimes de persécutions ou d’autres violations de leurs droits fondamentaux.
Cette obsession de sécurisation des frontières et de militarisation de la mer Égée n’est pas la solution. Le renforcement de la surveillance dans cette région aura pour seule conséquence d’inciter les migrants à choisir d’autres itinéraires plus dangereux et d’augmenter le nombre de violations et de morts. La seule réponse à cette crise humanitaire sans précédent qui se déroule aux portes de l’Europe consiste à augmenter le nombre de places de réinstallation ainsi que de voies de migration légales et sûres vers l’UE. La politique européenne en matière de migration doit être considérablement modifiée afin de prendre davantage en compte les droits humains.
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