Algérie : Décès de Lakhdar Bouregaa, figure emblématique du Hirak

12/11/2020
Déclaration

Paris-Genève, le 12 novembre 2020 – L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme (partenariat FIDH-OMCT) rend hommage à Lakhdar Bouregaa, figure emblématique du Hirak, décédé mercredi 4 novembre à l’âge de 87 ans des suites de la Covid-19. L’Observatoire salue un éminent militant, persécuté et emprisonné pendant six mois malgré son âge avancé.

L’Observatoire a appris avec tristesse le décès de M. Lakhdar Bouregaa, héro de l’indépendance algérienne et figure du mouvement de contestation populaire du Hirak, depuis son début en février 2019 en opposition à un cinquième mandat du Président Bouteflika et appelant à une « Algérie libre et démocratique ». M. Bouregaa était éminemment respecté comme en témoigne la foule immense qui s’est réunie pour ses funérailles malgré la pandémie de Covid-19, qui a d’ailleurs emporté le militant âgé de 87 ans. L’Observatoire rend hommage à ce militant qui a mené son combat jusqu’au bout pour son pays et pour les libertés fondamentales de son peuple.

L’Observatoire rappelle que suite à son implication dans les manifestations pacifiques du Hirak, Lakhdar Bouregaa avait été arrêté le 29 juin 2019 à son domicile par des agents en civil. Le 30 juin 2019, poursuivi pour « outrage à corps constitué » et « atteinte au moral de l’armée », il avait été placé sous mandat de dépôt et incarcéré, malgré son âge, à la prison d’El Harrach (Alger), jusqu’à sa remise en liberté provisoire le 2 janvier 2020, dans l’attente de son procès. Le 11 mai 2020, M. Bouregaa avait été condamné à 100 000 DA (environ 717 euros) d’amende par le Tribunal de Bir Mourad Rais.

Plus généralement, le régime algérien continue à réprimer ouvertement les défenseurs et militants pro-démocratie. L’Observatoire appelle à nouveau les autorités algériennes à cesser le harcèlement judiciaire à l’encontre des militants pacifiques du Hirak, et à libérer immédiatement et inconditionnellement Abdallah Benaoum, arbitrairement poursuivi et en détention provisoire depuis novembre 2019, d’abord à Relizane puis à la prison d’Oran depuis juin dernier. Interdits de lui rendre visite, les avocats et la famille d’Abdallah Benaoum soupçonnent une grave détérioration de sa santé nécessitant une chirurgie cardiaque urgente, tandis que le parquet dément et assure que son état est « stable ».

L’Observatoire réitère également son appel à la libération immédiate du journaliste Khaled Drareni ainsi que tous les défenseurs des droits humains arbitrairement détenus en Algérie. L’Observatoire demande instamment aux autorités de tout mettre en œuvre pour que les activités de défense des droits humains puissent être exercées sans entraves ni crainte de représailles en Algérie.

Accéder à la page web recensant les poursuites et le harcèlement judiciaire contre 21 défenseurs des droits humains : https://www.fidh.org/fr/themes/defenseurs-des-droits-humains/algerie-zoom-sur-le-hirak et https://omct.org/fr/human-rights-defenders/reports-and-publications/algeria/2020/09/d25821/

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, partenariat de la FIDH et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), a vocation à protéger les défenseurs des droits de l’Homme victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible. La FIDH et l’OMCT sont membres de ProtectDefenders.eu, le mécanisme de l’Union européenne pour les défenseurs des droits de l’Homme mis en œuvre par la société civile internationale.

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