Afghanistan : la communauté internationale doit empêcher une catastrophe humanitaire

17/08/2021
Communiqué
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Sayed Najafizada / NurPhoto via AFP

Paris — Alors que le Conseil de sécurité des Nations unies se réunit aujourd’hui afin de discuter de la situation en Afghanistan, la FIDH exhorte la communauté internationale à veiller à ce que le gouvernement afghan de facto garantisse la protection des civils, dont les défenseur·es des droits humains, le respect des droits humains, y compris ceux des femmes et des enfants, et la définition d’un calendrier précis établissant des élections libres, équitables, ouvertes à tous et participatives qui reflètent la volonté du peuple afghan.

Lire notre lettre ouverte aux ministres des affaires étrangères sur la délivrance de visas en urgence aux défenseur·es des droits humains ainsi qu’à d’autres acteurs.

« Les récents événements bouleversants en Afghanistan sont susceptibles d’engendrer des violations des droits humains à grande échelle et de déstabiliser la région. Étant donné le bilan effroyable des Talibans en matière de violations des droits humains, il est essentiel que la communauté internationale surveille la situation de près et agisse sans délai pour empêcher une catastrophe humanitaire »

Guissou Jahangiri, vice-présidente de la FIDH

La communauté internationale est tenue de veiller à ce que les droits de tous les Afghans soient protégés, surtout ceux des plus vulnérables. Les membres du Conseil de sécurité des Nations unies doivent veiller à ce que des mesures concrètes soient adoptées et mises en œuvre en vue de protéger la population civile et doivent apporter leur aide aux défenseur·es des droits humains – en défendant notamment le droit fondamental des Afghans au droit d’asile et au droit à ne pas être renvoyé dans leur pays – et enfin doivent financer les efforts déployés en matière d’aide humanitaire.

Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU doit convoquer de toute urgence une session spéciale et adopter une résolution appelant à la protection des civils – notamment des défenseur·es des droits humains, des journalistes et des membres de la société civile – et au respect des droits humains en vertu des traités internationaux auxquels l’Afghanistan est partie.

La communauté internationale est également invitée à faire pression sur le gouvernement afghan de facto afin qu’il soutienne sans réserve l’enquête en cours menée par la Cour pénale internationale (CPI) sur les crimes de guerres et crimes contre l’humanité qui auraient été commis. Parallèlement, la sécurité des rescapés, des témoins, des défenseur·es des droits humains, et des membres de la société civile qui ont contribué aux efforts d’enquête et de sensibilisation de la CPI doit être garantie. Il est également essentiel de recueillir des éléments de preuve matériels et numériques de ces crimes et de les transmettre au Bureau du procureur de la CPI sans délai.

Contexte

La courte période pendant laquelle les Talibans sont restés au pouvoir de 1996 à 2001 était entachée de violations graves des droits humains, notamment envers les droits des femmes et des enfants. Outre la promulgation et l’application de décrets qui restreignent sérieusement presque tous les aspects de la vie des femmes, notamment leur liberté de mouvement, leur droit à l’éducation et leur droit au travail, les Talibans menacent et attaquent de longue date les membres de la société civile, dont ceux qui œuvrent pour la défense des droits humains, l’éducation et la démocratie, le milieu des médias, de l’université, et les membres de minorités ethniques, en particulier les Hazaras.

Au cours de ces dernières semaines, des informations concernant les violations des droits humains ont commencé à émerger dans les régions contrôlées par les Talibans, notamment des attaques contre les défenseur·es des droits humains et les journalistes, la fermeture des écoles, et des représailles à l’encontre des civils ayant travaillé pour le gouvernement afghan ou des gouvernement étrangers. L’offensive des Talibans ces derniers mois a également engendré une augmentation considérable des déplacements internes de population – près de 244 000 personnes depuis mai. [1]

Le Bureau du procureur de la CPI enquête sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité qui auraient été commis en Afghanistan depuis 2003. De nombreux Afghans ont contribué à rendre compte de ces crimes commis par l’ensemble des parties dans ce conflit, y compris par les forces du gouvernement, les Talibans, d’autres groupes armés et les forces dirigées par les États-Unis.

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