NICARAGUA : Une nouvelle attaque contre les organisations de la société civile

18/03/2021
Déclaration
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Paris-Genève, le 18 mars 2021 - Dans un long discours prononcé à l’occasion de la Journée internationale pour les droits des femmes, le président Daniel Ortega a lancé des attaques contre les organisations de la société civile. Cette nouvelle provocation du chef de l’État reflète une fois de plus la grave stigmatisation de ceux qui défendent les droits humains au Nicaragua, a dénoncé l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme (FIDH-OMCT).

Le 8 mars 2021, le président du Nicaragua, Daniel Ortega, et son épouse et vice-présidente du Nicaragua, Rosario Murillo, ont prononcé un discours pour célébrer la Journée internationale des droits des femmes.

Lors de son discours, Daniel Ortega a accusé les organisations de la société civile de blanchir de l’argent "pour développer des activités terroristes déstabilisatrices" contre son régime. Il a également fait référence à la Loi de réglementation des agents étrangers, ratifiée le 15 octobre 2020, et aux organisations qui demandent des sanctions contre le régime : "Ceux qui vivent en demandant des sanctions, ceux qui reçoivent de l’argent blanchi par le biais de ces organisations, qui se disent ONG, nous avons déjà des lois à ce sujet. Nous avons des informations sur la façon dont le blanchiment a été fait pendant des années et même plus récemment, des milliers et des milliers de dollars circulent dans cette propagation de la terreur". L’Observatoire rappelle que cette loi qui contrôle les activités des individus et des ONG recevant des fonds de l’étranger constitue une restriction inacceptable de la liberté d’association, un droit universel fondamental consacré par de nombreux traités internationaux, et du droit de défendre les droits humains au Nicaragua.

Il convient de rappeler que le 12 décembre 2018, l’Assemblée nationale a annulé la personnalité juridique de neuf organisations de défense des droits humains et de médias, dont le Centre nicaraguayen des droits de l’homme (CENIDH), une organisation membre de la FIDH et de l’OMCT. Un jour plus tard, le 13 décembre 2018, la Police nationale a arbitrairement et violemment perquisitionné leurs installations et le journal Confidencial, entravant leur travail et violant leur droit fondamental à la liberté d’association et d’expression.

Le président Ortega a également assuré que la liberté d’expression est totale dans le pays : "Ici, nous avons la liberté d’expression. [...] Ici, n’importe qui dit ce qu’il veut sur les réseaux, sur ses pages". Ces déclarations contrastent avec la dispersion violente lors de la conférence de presse du 14 décembre 2020 tenue par un groupe de journalistes et de membres du CENIDH devant le bureau du journal Confidencial, attaqué par la Police Nationale.

Depuis cette intervention, certaines images et vidéos d’attaques contre plusieurs organisations de la société civile et leurs membres ont circulé sur les réseaux sociaux, notamment Whatsapp et Facebook. Parmi elles, le CENIDH.,ses membres et sa présidente Vilma Núñez, les qualifiant d’"ennemis du peuple", portant atteinte à leur dignité ainsi qu’à la réputation de Mme Núñez et ses 60 ans d’expérience dans la promotion et la défense des droits humains des Nicaraguayens.

L’Observatoire condamne fermement ces attaques et la stigmatisation des défenseurs et organisations des droits humains par les autorités nicaraguayennes.

L’Observatoire appelle les autorités nicaraguayennes à mettre fin à toute forme de harcèlement à l’encontre de tous les défenseurs des droits humains, ainsi qu’à prendre des mesures pour garantir la liberté d’association et la liberté d’expression dans le pays, conformément aux normes internationales pertinentes.

Enfin, l’Observatoire exprime sa préoccupation quant aux lois récemment approuvées et demande instamment à l’État du Nicaragua d’abroger ou de modifier toute législation susceptible de restreindre indûment les droits à la liberté d’expression et d’association et d’entraver les actions des organisations de défense des droits humains.


L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme (l’Observatoire) est un programme créé en 1997 par la FIDH et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et vise à intervenir pour prévenir ou remédier à des situations concrètes de répression contre les défenseurs des droits de l’Homme. L’OMCT et la FIDH sont toutes deux membres de ProtectDefenders.eu, le mécanisme de défense des droits humains de l’Union européenne mis en œuvre par la société civile internationale.

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