NICARAGUA : l’OEA doit prendre des mesures urgentes face à la vague de répression dirigée contre la société civile

Genève-Paris, 14 décembre 2018 – L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’homme, programme de l’OMCT et de la FIDH, appelle le Conseil permanent de l’Organisation des États américains (OEA) à convoquer une réunion extraordinaire pour discuter des faits qui se sont récemment déroulés au Nicaragua afin de les condamner et de demander à l’État du Nicaragua de mettre fin à la répression dirigée contre la société civile dans le pays. Au total, l’Assemblée nationale a annulé la personnalité juridique de neuf organisations en à peine deux semaines dans un contexte d’intimidation et de répression contre la société civile indépendante au Nicaragua. La communauté internationale doit réagir de manière rapide.

Le 13 décembre 2018, l’Assemblée nationale a durci son rôle de tribunal d’instance de répression contre la société civile en annulant la personnalité juridique de cinq organisations supplémentaires : le Centre de recherche de la communication (Cinco), l’Institut pour le développement de la démocratie (Ipade), l’Institut de leadership des Segovias (ILS), la Fondation pour la conservation et le développement du sud-est du Nicaragua (Fundación del Río), et la Fondation Popol Na, pour la promotion et le développement municipal.

Aujourd’hui, neuf ONG ont déjà été arbitrairement privées de leur personnalité juridique au cours des deux dernières semaines. Elles incluent le Centre nicaraguayen des droits de l’homme (CENIDH) - organisation membre du réseau SOS-Tortura de l’OMCT et de la FIDH -, en plus de l’organisation Hagamos Democracia, l’Institut des études stratégiques et politiques publiques (IEEPP) et du Centre d’information et de services d’expertise en santé (CISAS).

De plus, l’Observatoire dénonce le climat d’intimidation dirigé contre la société civile et qui s’est exacerbé ces dernières heures, particulièrement dans le cas de plusieurs organisations parmi celles qui ont été affectées par les décisions de l’Assemblée nationale. La nuit dernière, la police, la Direction de l’assistance judiciaire avec environ 40 policiers sont entrés au siège du CENIDH par le toit. Ils ont cassé les bureaux, détruit des informations, se sont approprié deux camionnettes de l’institution et ont emporté plusieurs objets qui étaient dans les bureaux. Fait particulièrement grave, ils ont laissé dans les bureaux un vêtement de camouflage à usage strictement militaire. Cet événement est inquiétant car ce vêtement pourrait être utilisé pour affirmer leur possession d’armes ou d’objets à caractère militaire.

Enfin, l’Observatoire demande à toute la communauté internationale de prendre des mesures diplomatiques fortes et proportionnelles à la gravité de la situation, notamment en publiant des communiqués convaincants et en lançant des appels à consulter les représentations diplomatiques du Nicaragua dans les pays concernés et à envisager de possibles sanctions individuelles et commerciales contre le régime d’Ortega et Murillo jusqu’à ce que la décision de fermer les ONG soit annulée.

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’homme (l’Observatoire) est un programme qui a été créé en 1997 par l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et la FIDH, et qui a pour objectif d’intervenir pour prévenir ou réparer des situations concrètes de répression dirigée contre les défenseurs et défenseures des droits de l’homme. La FIDH et l’OMCT sont tous les deux membres de ProtectDefenders.eu, le mécanisme de l’Union européenne pour les défenseurs des droits de l’homme qui a été mis en place par la société civile internationale.

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