Tchad : la FIDH réclame une enquête indépendante sur la mort de l’opposant Yaya Dillo

08/03/2024
Communiqué
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AFP

Lundi 4 mars 2024, Succès Masra, Premier ministre tchadien, a promis une « enquête internationale » sur la mort de Yaya Dillo, principal opposant au général Mahamat Idriss Deby, Président de la transition du Tchad. La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) demande la mise en place d’une commission d’enquête indépendante conjointe de l’Union africaine et des Nations unies. Elle doit faire toute la lumière sur les violations des droits humains commises lors des violences qui ont secoué Ndjamena du 27 février au 1er mars 2024.

Paris, Ndjaména, 8 mars 2024. Des partisans du Parti socialiste sans frontières (PSF), principale formation politique opposée au Général Mahamat Idriss Déby Itno, Président de la transition du Tchad, ont trouvé la mort dans l’assaut du siège du parti le 28 février 2024. Parmi eux, se trouve Yaya Dillo, premier opposant au régime Déby.

Les autorités tchadiennes nient toute responsabilité dans la mort de l’opposant. Le 1er mars, le ministre de la Communication, Abderaman Koullamalah, déclarait que « dans les échanges de tirs avec les forces de l’ordre, monsieur Yaya Dillo a été blessé et a succombé à ses blessures ». Le 4 février, Succès Masra, Premier ministre a indiqué sur l’antenne de RFI que « le gouvernement s’est engagé à mener une enquête de type international qui permettra de situer les responsabilités à tous les niveaux ».

La FIDH et ses organisations membres tchadiennes, l’Association tchadienne pour la promotion et la défense des droits de l’Homme (ATPDH) et la Ligue tchadienne des droits de l’Homme (LTDH), demandent la mise en place d’une commission d’enquête indépendante conjointe de l’Union africaine et des Nations unies pour faire toute la lumière sur ces violences.

La justice tchadienne est compromise par une impunité endémique

« Nous craignons que ce dossier ne subisse le même sort que celui des événements tragiques du 20 octobre 2022, au cours desquels au moins 218 personnes ont été tuées. Nous sommes face à un déni de justice après qu’une loi d’amnistie générale a été votée le 23 novembre 2023 », déclare Agnès Ildjima Lokiam, présidente de l’ATPDH.

« L’adoption de cette loi d’amnistie confirme l’absence totale de volonté politique des autorités tchadiennes : elles ne lutteront pas contre l’impunité. Pourtant, les populations civiles n’ont eu de cesse de demander justice pour les multiples violences et violations graves des droits humains subies depuis des décennies », déclare Me Drissa TRAORÉ, Secrétaire général de la FIDH.

« Seule la lutte contre l’impunité alliée à l’ouverture de l’espace civique et démocratique pourrait permettre au peuple tchadien d’aspirer à une réelle réconciliation et à une stabilité durable après plusieurs décennies de violences d’État », déclare Me Adoum Mahamat Boukar, Président la LTDH.

Yaya Dillo avait déjà échappé à plusieurs attentats dont celui du 28 février 2021 qui avait coûté la vie à sa mère et son fils. Il s’entourait généralement d’hommes en arme. Les membres du PSF et d’autres formations politiques et de la société civile ont parlé de « crime odieux et inadmissible » tout en déclarant que Yaya Dillo a été « assassiné par la garde présidentielle ». Le 1er mars, deux jours après la mort de l’opposant, le siège du PSF situé dans le 2e arrondissement de N’Djamena, a été démoli par des pelleteuses sur ordre des autorités tchadiennes. Une démolition intervenue en dehors de tout cadre judiciaire.

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