La FIDH et HRW condamnent les exécutions programmées de 23 personnes au Rwanda

23/04/1998
Communiqué

La Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH) et Human Rights Watch condamnent avec la plus grande vigueur la décision prise par le Conseil des Ministres du Rwanda de mettre à exécution les condamnations à mort prononcées pour génocide contre 23 personnes. D’après la radio nationale, ces exécutions auraient lieu en public pour "servir de leçon" le 24 avril à 10h du matin en cinq lieux dont les noms sont devenus tragiquement illustres pour avoir été le théâtre de massacres perpétrés pendant le génocide de 1994.

HRW et la FIDH ont condamné avec la plus grande fermeté le génocide et les crimes contre l’humanité perpétrés en 1994. Les deux organisations internationales de défense des droits de l’Homme insistent sur la nécessité de porter en justice les personnes accusées d’avoir participé au génocide et de punir sévèrement ceux qui sont condamnés pour ces crimes. Les chercheurs de la FIDH et de HRW travaillent depuis trois ans à réunir et publier des éléments de preuve qui pourraient établir la vérité sur le génocide et aider à faire la justice aux victimes dans les tribunaux nationaux comme au Tribunal international pour le Rwanda.

Dès 1993, après avoir participé à une commission internationale d’enquête sur les violations des droits de l’Homme au Rwanda, la FIDH et HRW ont dénoncé les tueries sur base ethnique déjà commises, et alerté, hélas sans succès, les hauts responsables de la communauté internationale, afin que les mesures soient prises pour empêcher le génocide de 1994.

Les deux organisations s’opposent par principe à la peine de mort dans n’importe quel pays et pour n’importe quel crime. Tout système de justice entraîne des risques d’erreur à l’encontre des condamnés, erreur irréparable lorsqu’une peine capitale est appliquée. Le risque d’erreur est particulièrement important dans le cas du Rwanda où le système judiciaire commence juste à se relever des dommages causés par le génocide.

HRW et la FIDH se félicitent que le gouvernement rwandais ait fait de grands efforts pour porter devant la justice les accusés du génocide, mais regrettent le caractère sommaire de certains procès, caractère qui ne participe ni à l’établissement de la vérité sur le génocide, ni à celui d’un véritable Etat de droit. Il y a eu, par exemple, des personnes condamnées à mort sans avoir eu la possibilité de bénéficier des conseils d’un avocat pendant leur procès et d’autres qui ont été condamnées après que les témoins à décharge ont été intimidés, à tel point qu’ils ont refusé de livrer leur témoignage. Mettre à exécution des condamnations à mort prononcées dans de tels cas sert mal les intérêts de la justice.

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