Human Rights Watch et la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH) condamnent l’assassinat de Seth Sendashonga

16/05/1998
Communiqué

Human Rights Watch et la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH) déplorent l’assassinat le 16 mai à Nairobi de l’éminent dirigeant politique rwandais, Seth Sendashonga. Homme de principes et de courage, Sendashonga était largement connu pour sa modération. Une seconde personne, conducteur non identifié, a été abattu en même temps.

Leader d’un mouvement étudiant opposé au Président Juvenal Habyarimana, Seth Sendashonga a quitté le Rwanda en 1975. Sendashonga, un Hutu, a été recruté par le Front Patriotique Rwandais (FPR), pour servir de lien avec les partis politiques rwandais à prédominance hutu au Rwanda qui étaient opposés au régime du Président Habyarimana. Quand le FPR a constitué son gouvernement en juillet 1994, Sendashonga est devenu Ministre de l’intérieur, plaçant ainsi son considérable prestige au service du gouvernement de coalition et amenant de nombreux autres modérés Hutus à lui accorder leur appui.

Un peu plus d’un an plus tard, il quitta le gouvernement pour protester contre les exactions commises par l’armée à dominante tutsi contre la population civile, en majorité des Hutus. Il avait demandé à plusieurs reprises au vice-président rwandais et Ministre de la Défense, le Général Paul Kagame, de retenir ses troupes, constatant leurs exactions dans les quelques 600 mémoranda qu’il lui avait envoyés. Quelques mois après avoir quitté le gouvernement, Sendashonga s’est exilé à Nairobi.

Sendashonga avait fermement condamné le génocide de 1994 au cours duquel des extrémistes Hutu ont massacré plus d’un demi-million de Tutsis. Durant les années suivantes, il refusa d’appuyer la rébellion contre le gouvernement rwandais car elle était conduite par des soldats responsables du génocide.

Une première tentative d’assassinat a échoué en février 1996. Sendashonga et son neveu en sortirent blessés. Un homme arrêté avec une arme sur le lieu de l’attaque fut identifié comme employé de l’ambassade rwandaise à Nairobi. Bien qu’il ait été arrêté, l’assaillant ne fut jamais poursuivi par les autorités kenyanes.

HRW et la FIDH demandent aux autorités kenyanes d’enquêter rapidement et de façon approfondie sur cet assassinat et de porter ses auteurs devant la justice. Les deux organisations internationales de défense des droits de l’Homme demandent aussi à la communauté internationale d’insister pour que le ou les assassins soient jugés et d’offrir leur assistance au gouvernement kenyan dans cette tâche.

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