Remaniement ministériel en Centrafrique : une ouverture politique qui invite à la vigilance

15/09/2017
Communiqué

Bangui - Paris, le 15 septembre 2017 - Le nouveau gouvernement centrafricain nommé le 13 septembre 2017 est marqué par l’arrivée de 5 ministres appartenant aux ex-Séléka (FPRC ; RPRC) ou aux anti-Balaka. Pourtant, ces mouvements sont accusés d’être à l’origine de graves violations des droits humains depuis 2013 en RCA. Depuis quelques mois, le pays s’enfonce par ailleurs dans un nouveau cycle de violences entretenu par les milices et groupes armés. Si l’ouverture politique en cours peut contribuer à l’apaisement et à un regain de stabilité, elle ne doit en aucun cas constituer un blanc seing pour les milices. Ni entraver les poursuites à venir contre les auteurs et instigateurs des crimes commis depuis de nombreuses années dans le pays.

Le remaniement ministériel présenté le 13 septembre par décret présidentiel a vu l’entrée de 5 ministres appartenant aux ex-Séléka ou anti-Balaka (AB), deux mouvements accusés de graves exactions depuis 2013.

Ainsi, on notera les nominations de M. Lambert Moukove-Lissane (FPRC), proche du chef de guerre Nourreddine Adam, comme Ministre des Eaux, forêts, chasse et pêche. D’Ahmed Senoussi, (FPRC) comme Ministre des Travaux publics et de l’entretien routier. De l’ancien ministre - de Michel Djotodia, alors chef de l’État Séléka - Gontran Djono Ahaba (RPRC), nommé Ministre du Développement, de l’énergie et des ressources hydrauliques. De Jacob Mokpem Bionli (Anti Balaka proche de Patrice Edouard Ngaissona) comme Ministre des Arts, de la culture et du tourisme. Et de Jean-Alexandre Dedet (Anti Balaka tendance Maxime Mokom) comme Ministre chargé du Secrétariat général du gouvernement.

Ces nominations interviennent alors que le pays connaît une nouvelle flambée de violences depuis plusieurs mois, le Sud Est (Bangassou ; Zémio) et le Centre (Batangafo) ayant été l’objet de pillages et violences meurtrières contre les civils. Cette recrudescence des violences était inédite depuis le plus fort de la crise, en 2013 et 2014.

Dans ce contexte, la nomination de personnalités appartenant à des groupes armés responsables d’exactions, et contrôlant des territoires livrés à la prédation, apparaît inquiétante et invite à la plus grande vigilance.

Si le dialogue politique est nécessaire pour rétablir la paix et la sécurité, aucune impunité ne saurait être tolérée pour les auteurs et responsables de crimes internationaux. Par ailleurs, les groupes armés désormais représentés dans le gouvernement doivent s’engager sans retard dans le désarmement et la paix.

Enfin, la remise en œuvre d’un appareil judiciaire centrafricain indépendant doit être une priorité, à commencer par l’opérationnalisation de la Cour Pénale Spéciale, chargée de poursuivre les auteurs et instigateurs des crimes les plus graves commis dans le pays depuis 2003.

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