Au 14ème jour de la grève générale, les craintes exprimées par la FIDH et l’OGDH le 18 janvier 2007 [1], de voir la répression s’accroître, se réalisent : les forces de police et militaire guinéennes déployées dans le pays et qui tirent à balles réelles ont provoqué la mort d’environ 60 personnes et fait plusieurs centaines de blessés parmi les manifestants. Pour le seul centre hospitalier universitaire (CHU) de Donka, on dénombre près de 150 blessés.
Aujourd’hui même, les forces de sécurité appelées « anti-gang » ont tué 4 personnes au cours de la manifestation qui s’est déroulée dans la haute banlieue de Conakry. Le 22 janvier 2007, ce même corps de police a arrêté et détenu dans ses locaux une vingtaine de dirigeants syndicaux dont le Dr. Ibrahima Fofana (Secrétaire général de l’Union syndicale des travailleurs de Guinee - USTG) et Mme Hadja Rabiatou Diallo (Secrétaire générale de la Confédération nationale des travailleurs guinéens - CNTG). La plupart ont été battus violemment avant d’être relâchés dans la nuit du 22 au 23 janvier.
La FIDH et l’OGDH condamnent ces exactions et s’inquiètent vivement de la poursuite de la répression alors que la garde présidentielle, appelée les « bérets rouges », est depuis peu épaulée par des forces militaires étrangères issues de Guinée-Bissau, risquant ainsi de régionaliser le conflit.
La FIDH et l’OGDH rappellent que le droit à la vie et le droit de manifestation sont des droits reconnus et garantis par les instruments régionaux et internationaux de droits de l’Homme ratifiés par la Guinée.
La FIDH et l’OGDH réitèrent leur appel aux autorités guinéennes de cesser immédiatement les violences à l’encontre des manifestants ; et d’engager un véritable dialogue en ouvrant des négociations avec tous les acteurs de la vie politique et sociale en vue d’un règlement pacifique et négocié des revendications.
La FIDH et l’OGDH demandent à la communauté internationale et notamment, à la CEDEAO, l’Union africaine, et l’UE de se saisir immédiatement de la situation en Guinée en faisant pression sur son gouvernement pour qu’il cesse la répression violente des manifestations pacifiques et favorise l’ouverture d’un dialogue juste et équitable.
La FIDH et l’OGDH appellent le Conseil de sécurité des Nations unies à adopter une résolution considérant que la situation en Guinée-Conakry menace la paix et la sécurité dans la région et demandant la tenue d’une mission d’enquête internationale indépendante afin de faire la lumière sur l’ampleur de la répression, d’identifier les auteurs de ces crimes et d’établir leurs responsabilités.