La répression meurtrière contre les grévistes doit cesser immédiatement

18/01/2007
Communiqué

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et l’Organisation guinéenne des droits de l’Homme (OGDH), son organisation membre en Guinée-Conakry condamnent vigoureusement la répression du mouvement de grève générale déclenché le 10 janvier 2007.

Le bilan de la répression est déjà de 4 morts par balles, de nombreux blessés et plus de 62 arrestations.

Ainsi, au cours des trois derniers jours, une femme a été abattue à bout portant dans la capitale et son enfant grièvement blessé a été transporté au CHU- Ignace Deen. Le 17 janvier 2007, une autre femme, Mme Katiatou CAMARA, a été tué par des agents armés de la police nationale lors de la manifestation de l’après-midi dans la commune de Kaloum, le centre administratif de Conakry. M. Bachir DIALLO, un jeune homme de 17 ans a été tué par la police dans la localité de Labé à 450 Km de Conakry. Enfin, dans la soirée, un jeune homme a aussi été tué par balles par les forces de sécurité dans le quartier de Simdaya de la commune de Ratona. Nos organisations craignent que ce bilan ne s’alourdissent de jour en jour.

Le 16 janvier 2007 M. Mansaré, le directeur national adjoint de la police annonçait le chiffre de 62 jeunes interpellés, la plupart sont accusés d’avoir ’’caillassé’’ des véhicules qui bravaient l’ordre de grève ou d’avoir commis des actes de vandalisme.

La FIDH et l’OGDH dénoncent les nombreuses arrestations et gardes à vue abusives, comme celles de MM. Ousman BALDÉ, Abbas CAMARA et Mamadou Bobo BARRY, étudiants qui ont été arrêtés les 15 et 16 janvier et sont encore retenus par les forces de police. D’autre part, le 17 janvier 2007, deux dirigeants syndicaux, le Dr. Ibrahima Fofana (Secrétaire général de l’Union syndicale des travailleurs de Guinee - USTG) et Mme. Hadja Rabiatou Diallo (Secrétaire générale de la Confédération nationale des travailleurs guinéens - CNTG) [1], ont brièvement été arrêtés par la police.

Les forces de police ont, par ailleurs, mené de nombreuses perquisitions, notamment dans la haute banlieue de Conakry, au cours desquelles elles se sont livrées à des actes d’extorsion et au vol des habitants de ces quartiers.

La FIDH et l’OGDH condamnent ces violations flagrantes de la Constitution guinéenne et de nombreuses conventions régionales et internationales de droits de l’Homme auxquelles la Guinée est partie : le Pacte international sur les droits civils et politiques garantissant notamment le droit à la vie, le droit à la défense et le droit d’opinion et de manifestation ; la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples garantissant notamment les libertés d’expression, d’opinion et de manifestation et les conventions n°87 et 98 de l’Organisation internationale du travail (OIT) portant sur les libertés syndicales et les négociations collectives ;etc.

La FIDH et l’OGDH rappellent que la manifestation des étudiants du 12 juin 2006 s’était soldée par plus d’une vingtaine de morts, en majorité des étudiants, et que de telles situations de répression et de violations des droits de l’Homme en Guinée sont récurrentes depuis la prise de pouvoir par la force du président Lansana Conté en 1984. De même, les atteintes et les restrictions aux libertés d’expression, d’opinion et de manifestation demeurent fréquentes.

Face à cette situation, la FIDH et l’OGDH appellent les autorités guinéennes à :

 Mettre fin immédiatement à la répression disproportionnée des manifestations pacifiques dans le pays et garantir l’intégrité physique et moral des manifestants ;

 Juger de façon libre, impartiale et équitable les personnes arrêtées dans le cadre des manifestations de janvier 2007 si des preuves tangibles sont retenues contre elles et dans le cas contraire les relâcher immédiatement ;

 Se conformer en toute situations aux normes internationales de protection et de défense des droits de l’Homme ratifiés par la Guinée et cités ci-dessus ;

 Mettre en place une commission d’enquête indépendante pour faire la lumière sur les exactions commises depuis le début de la grêve générale le 10 janvier 2007, ainsi que sur les victimes de la répression de la manifestation d’élèves et d’étudiants le 12 juin 2006 ;

 Traduire en justice les auteurs de ces crimes et indemniser les familles des victimes ;

 Ouvrir des négociations avec les organisations de la société civile et les syndicats en vue d’un règlement pacifique et négocié des revendications ;

Contact presse : Karine Appy + 33 1 43 55 14 12

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