La FIDH est convaincue que les droits humains et la protection environnementale sont interdépendants.
La FIDH est convaincue que les droits humains et la protection environnementale sont interdépendants.
Comme l’affirmait récemment le Rapporteur spécial des Nations unies sur les droits humains et l’environnement, le professeur John Knox, « un environnement sûr, propre et sain revêt une importance primordiale pour la jouissance des droits humains, et en même temps l’exercice de ces droits, notamment le droit à la liberté d’expression, à l’éducation, à la participation et aux réparations est indispensable à la protection de l’environnement ». Dans son rapport présenté en mars devant le Conseil des droits de l’homme, John Knox demande à l’Assemblée générale des Nations unies d’adopter une résolution reconnaissant formellement que le droit à un environnement sain doit être intégré au droit international relatif aux droits humains. La FIDH considère que ce rapport est une étape importante dans la compréhension et la mise en œuvre des obligations relatives aux droits humains en matière d’environnement. Il est évident que cette relation sera essentielle pour la protection des individus et de la planète dans les années à venir.
Durant les dix dernières années, la FIDH a œuvré à réaffirmer la pertinence de la Déclaration universelle des droits de l’homme dans le débat actuel portant sur le changement climatique, les déchets toxiques et l’énergie. Les dégâts environnementaux menacent directement le droit à la vie, à la santé, à l’eau, au développement, au logement, au travail, à la culture, ainsi que les droits des peuples indigènes (voir à ce propos la position de la FIDH sur les négociations de la COP21). Les populations touchées ont le droit d’être protégées des effets néfastes sur l’environnement, tels que la pollution des eaux, des sols et de l’air, la déforestation et les déplacements provoqués par la désertification ou les inondations, elles-mêmes engendrées par le changement climatique.
Comme nous l’avons démontré, l’application du droit international relatif aux droits humains fait face à des insuffisances majeures et les acteurs étatiques et non étatiques sont souvent responsables de violations graves des droits humains et environnementaux.
De plus en plus de défenseurs des droits humains, et en particulier, de défenseurs de l’environnement et de la terre, sont victimes de mesures répressives ; la pression sur la terre est devenue insupportable. Entre 2011 et 2014, l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’homme a documenté 43 cas d’assassinats visant des défenseurs du droit à la terre, ainsi que le harcèlement judiciaire de 123 défenseurs, harcèlement parfois combiné à leur détention arbitraire.
Simultanément, dans certains pays comme le Honduras, le processus de transformation de l’approvisionnement en énergie encouragé par le combat contre le changement climatique menace de provoquer des dommages irréversibles aux aires protégées du Parc National Pico Bonito et du micro-bassin de la rivière Cuyamel, principale source d’eau pour près de 7 000 personnes dans la municipalité de San Francisco, en Atlántida.
Dans d’autres pays, comme l’Afrique du Sud, le déclin de l’industrie minière entraîne des effets considérables sur les droits humains et environnementaux, car les entreprises et les institutions publiques n’assument pas leurs responsabilités. La fermeture soudaine de la mine de Blyvoorzicht a laissé une communauté de 6 000 personnes livrées à elles-mêmes.
L’Europe elle-même n’est pas immunisée contre les effets néfastes des activités économiques sur la santé humaine et l’environnement, comme le démontre le rapport présenté aujourd’hui sur les violations des droits humains provoquées par le désastre environnemental de l’aciérie Ilva en Italie.
Les États ont l’obligation légale de respecter, protéger et satisfaire les droits humains en garantissant un environnement sûr, propre, sain et durable. Bien que les États soient tenus de rendre compte de leurs obligations en matière d’harmonisation des politiques publiques et des lois nationales, ils sont souvent inefficaces face aux violations des droits humains, et en sont même parfois complices.
Les entreprises et autres acteurs non étatiques ont également un rôle et des responsabilités déterminants qui mettent en danger les droits humains et environnementaux. Ces acteurs englobent les entreprises privées de sécurité, les rébellions armées et les groupes paramilitaires, ainsi que les sociétés transnationales, nationales et publiques. Ces acteurs extraient, polluent et détruisent des ressources environnementales rares et appliquent des normes de travail médiocres.
La FIDH est convaincue qu’un environnement sûr, propre, sain et durable est essentiel à l’accomplissement des droits à la vie, à l’alimentation, à la santé, à l’eau, au logement. De façon similaire, l’introduction des considérations relatives aux droits humains dans les politiques environnementales est cruciale à la protection des populations affectées par le réchauffement climatique, ainsi qu’au bien-être des générations futures.