Six Prix Nobel de la paix et 300 ONG demandent la réforme des politiques de la Banque Mondiale sur le pétrole, le charbon et les exploitations minières

Après d’avoir discuté avec des ONG Australiennes, le président de la Banque Mondiale se rendra à Paris le 15 Février afin d’assister à la 5éme conférence du Réseau Parlementaire, accueillie par le Sénat

L’Archevêque Desmond Tutu et Rigoberta Menchu ont rejoint aujourd’hui les quatre lauréats du Prix Nobel de la Paix et 300 organisations non-gouvernamentales pour que le Président de la Banque Mondiale James Wolfensohn adopte les recommandations de la révision des industries extractives (RIE). Cette révision a été initiée par Wolfensohn en 2000 lors de l’Assemblée Annuelle de la Banque Mondiale à Prague, afin d’évaluer si les industries extractives contribuaient à la réduction de la pauvreté.

Aujourd’hui, M. Wolfensohn a rencontré des représentants de la société civile à Melbourne en Australie, et a assuré au cours de cet entretien qu’il "faisait honneur au travail fait par la RIE » .

Or, la copie d’une réponse des responsables de la Banque Mondiale, divulguée la semaine dernière, indique que la Banque ne s’est pas encore engagée à adopter les recommandations de la RIE.

Le rapport final de la RIE valide enfin la plupart des préoccupations des communautés et organisations de la société civile faites il y vingt ans. Les groupes de défense des droits de l’homme, les organisations environnementales, les agences de développement et les communautés locales ont bien accueilli ce Rapport. D’autres études internes de la Banque montrent également que les pays qui basent leurs exportations sur le pétrole sont les plus impliquées dans les guerres civiles.

La RIE conclut que si la Banque Mondiale maintient sa mission de réduction de la pauvreté, elle ne doit pas soutenir les industries extractives à moins d’appliquer préalablement les conditions présentées dans ce rapport. En outre, la RIE établit que le financement des projets pétroliers et charbonniers n’est pas le meilleur moyen de promouvoir le développement durable. En conséquence, la Banque mondiale devrait suspendre tout projet de ce type et réallouer ses fonds en faveur des énergies revouvelables et de projets avec des retombés positives pour les populations les plus pauvres.

"La guerre, la pauvreté, les changements climatiques, la cupidité, la corruption et les violations permanentes des droits de l’homme - tous ces fléaux sont trop souvent liés aux industries minières et pétrolières." écrivent Tutu et les autres prix nobel dans leur lettre à Wolfensohn. "Vos efforts pour créer un monde sans pauvreté ne doivent pas aggraver ces problèmes. La RIE vous fournit une extraordinaire opportunité de gérer les ressources de la Banque Mondiale de façon à contribuer véritablement à un meilleur futur pour l’humanité." La lettre, co-signée par Joseph Rotblat, Betty Williams et Mairead Maguire, a été envoyée par Jody Williams.

" La Banque Mondiale tiendra-t-elle ses engagements, en admettant son échec et en opérant les changements nécessaires ? » s’interroge Susanne Breitkopf, porte parole des Amis de la Terre. « Nous espérons que la réponse sera positive et que M. Wolfensohn prendra rapidement l’initiative d’une réforme du financement des industries extractives en suivant les recommandations de la RIE."

Les recommandations de la RIE incluent :

* obtenir le consentement préalable des communautés locales affectées par les projets d’industries extractives comme condition nécessaire à tout financement ;
* garantir le respect des droits de l’Homme et des droits des travailleurs comme condition de base dans les projets financés par la Banque ;
* s’assurer que les structures d’une bonne gouvernance sont en place avant que le projet ne soit financé et mis en oeuvre ;
* supprimer les fonds de soutien aux extractions pétrolières et investir les ressources en développement dans les énergies renouvelables en ciblant sur une augmentation de 20% par an pour les énergies renouvelables ;
* garantir que les revenus des projets financés par la Banque bénéfissent les populations locales
* protéger la biodiversité en établissant des zones de protection internationalement reconnues comme habitats sensibles ;
* garantir un maximum de transparence dans la gestion des revenues

Parmi les organisations qui interpellent la Banque Mondiale se trouvent les groupes de la société civile tchadienne, qui dans une lettre à l’attention du Vice Président de la Banque mondiale pour l’Afrique datée du 8 février, ont critiqué le fait que le projet pétrolier Tchad-Cameroun soit « cité comme modèle lors de toutes les consultations ». Considérant la RIE comme « un rapport en faveur des pauvres, un rapport pour les générations futures », la lettre des Tchadiens demandent à la Banque mondiale que « toutes les recommandations pertinentes contenues dans le rapport final [...] soient adoptées ».

Pour plus d’informations sur l’EIR, voir http://www.eireview.org
La lettres des Prix Nobel et des ONGs est disponible sur : www.eireview.info

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