Le droit de choisir : entre liberté individuelle et lutte collective

08/03/2016
Communiqué

« Un enfant si je veux, quand je veux », « Nosotras decidimos », « My body, my choice ». Du Pérou aux États-Unis, du Royaume-Uni au Sénégal, l’accès à l’avortement et à la contraception est une revendication emblématique des luttes des femmes. C’est une composante clef du droit à la santé sexuelle et reproductive, inscrit dans les conventions internationales depuis la Conférence du Caire (1994). Pourtant, aujourd’hui encore, une grossesse sur dix dans le monde aboutit à un avortement à risque, faute d’accès à des services de santé sexuelle sûrs et légaux.

Une cause universelle…

Qu’elles poussent une Sénégalaise à quitter l’école à cause d’une grossesse non prévue ou une Irlandaise à s’endetter pour aller avorter en Angleterre, les législations rétrogrades en matière de droits sexuels et reproductifs relèvent des mêmes logiques patriarcales et paternalistes. On y retrouve le refus d’une sexualité féminine source de plaisir, sans visée reproductive. L’idée selon laquelle le rôle « naturel » des femmes serait d’être mère avant tout. L’injonction à un ordre moral, au nom de la politique ou la religion.

Portées par une minorité très conservatrice mais bien financée, ces politiques qui entravent l’accès à la contraception et à l’avortement ont de lourdes conséquences sur la vie des femmes. En les cantonnant dans la sphère privée, elles limitent en effet leurs chances d’accéder à une éducation, d’acquérir une autonomie financière, de peser dans les décisions en matière de santé sexuelle (port du préservatif, espacement des naissances, etc.) et de prendre part à la vie politique. Ainsi, les femmes se voient écartées des négociations internationales sur le climat, la lutte contre la pauvreté ou le rétablissement de la paix, alors qu’elles jouent un rôle essentiel dans le secteur agricole et que les conflits armés les affectent plus particulièrement.

… qui appelle à une action internationale forte et solidaire

À l’échelle individuelle comme à l’échelle globale, le droit des femmes de choisir est donc un enjeu majeur qui concerne l’ensemble de la communauté internationale. Conformément à leurs obligations onusiennes, régulièrement réitérées par les organismes de protection des droits humains, les États réfractaires doivent cesser d’interdire, de criminaliser, de conditionner l’accès à l’avortement et à la contraception. Ceux qui ont légalisé l’accès à l’avortement et à la contraception doivent garantir l’application de leur législation et défendre ces droits dans le monde, avec la même vigueur. L’allocation de financements spécifiquement dédiés à la santé et aux droits sexuels et reproductifs, à la hauteur des enjeux mondiaux, est également primordiale.

À cet égard, la France, qui a récemment pris plusieurs mesures en faveur du droit à l’avortement, doit poursuivre son engagement sur la scène internationale. Nous attendons d’elle des actes forts et assumés afin notamment de donner au droit à l’avortement la place qu’il aurait méritée dans l’agenda 2030.

Cette tribune a été rédigée dans le cadre du prochain dossier d’Altermondes, à paraître dans le numéro 45. Ce dossier dresse un état des lieux du droit à l’avortement et à la contraception et propose un tour du monde des luttes menées pour que ces droits deviennent effectifs. Il a été élaboré en partenariat avec Amnesty international France, Équilibres & Populations, la FIDH, Genre en action, Médecins du Monde et le Planning familial, signataires de cette tribune.

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