Selon les informations reçues, près de deux mois après les faits, les circonstances de l’incendie qui a causé la mort de Luc Nkulula dans la nuit du 9 du 10 juin 2018 ne sont toujours pas clairement établies. Le 27 juillet 2018, le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Goma, M. Dauphin Tshungamali, a affirmé que selon l’enquête officielle, l’incendie a été causé par « l’explosion accidentelle de la batterie à énergie solaire qui alimente sa maison », niant donc ainsi toute responsabilité humaine.
L’enquête, réalisée en quelques heures, ignore le fait que la batterie se trouvait au premier étage, et que cette disposition n’aurait donc pas pu entraîner la propagation soudaine de l’incendie. De plus, des témoins oculaires rapportent que la télévision et les lumières alimentées par la batterie étaient encore allumées quelques minutes après le début de l’incendie. La section de Goma de LUCHA, qui a obtenu une copie intégrale du rapport, dénonce « une série de suppositions, de spéculations et de déductions sans aucun fondement scientifique, et encore moins factuel ».
Plusieurs autres éléments matériels, rapportés par la section locale de LUCHA, suggèrent la possibilité que l’incendie ait été causé de manière intentionnelle, comme le fait qu’une moto ait été vue près de la maison de Luc Nkulula quelques minutes avant l’explosion, et qu’une forte odeur de carburant se soit propagée juste après l’incendie. Autant d’éléments qui ne sont pas mentionnés dans le rapport.
En outre, le 31 juillet 2018, la police a tenté d’entraver l’organisation d’une conférence de presse organisée par la section de Goma de Lucha au sujet des conclusions de cette enquête, en empêchant les journalistes d’entrer dans le bâtiment. Après quelques heures, LUCHA a réussi à organiser la conférence dans un autre quartier de la ville.
L’Observatoire appelle à la réouverture d’une enquête prompte, impartiale et indépendante sur les circonstances du décès de M. Luc Nkulula, et à mettre un terme en toutes circonstances aux actes de harcèlement et de violence à l’encontre des défenseurs en RDC.
L’Observatoire, partenariat de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et de la FIDH, a vocation à protéger les défenseurs des droits de l’Homme victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible. L’OMCT et la FIDH sont membres de ProtectDefenders.eu, le mécanisme de l’Union européenne pour les défenseurs des droits de l’Homme mis en œuvre par la société civile internationale.
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