Cameroun : Disparition forcée de M. Franklin Mowha, Président de FFCI

25/09/2018
Appel urgent

CMR 003 / 0918 / OBS 117
Disparition forcée
Cameroun
25 septembre 2018

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, un partenariat de la FIDH et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), vous prie d’intervenir de toute urgence dans la situation suivante au Cameroun.

Description de la situation :

L’Observatoire a été informé de sources fiables de la disparition forcée de M. Franklin Mowha, Président national de l’association Frontline Fighters for Citizens Interests (FFCI) [1] et membre du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (REDHAC).

Selon les informations reçues, M. Franklin Mowha est porté disparu depuis le 6 août 2018, date à laquelle il a eu ses derniers échanges téléphoniques avec son épouse et ses collègues, depuis l’hôtel Azim, situé dans la localité de Kumba, dans le sud-ouest du Cameroun. M. Mowha s’était rendu à Kumba le 2 août 2018 pour effectuer une mission de documentation des cas de violations des droits humains dans le cadre de la crise socio-politique dans les régions du nord-ouest et sud-ouest du pays.

Le registre de l’hôtel Azim montre que M. Mowha y a bien séjourné du 2 au 6 août 2018. Après le 6 août, lorsque ses proches essayaient de le contacter, le téléphone de M. Mowha sonnait dans le vide, jusqu’en date du 14 août, où il a cessé d’émettre. FFCI, le REDHAC et la famille de M. Mowha se sont mobilisés pour tenter de le retrouver, en se rendant auprès de la gendarmerie de Buea (où M. Mowha avait prévu de rencontrer le chef d’État major), la délégation régionale à la sûreté nationale et la prison de Buea, de même que la gendarmerie de Kumba, en vain.

Le 6 septembre 2018, un mois après la disparition, l’association FFCI a porté plainte contre X auprès du procureur de la République du tribunal de première instance de Kumba pour la disparition forcée de M. Franklin Mowha. FFCI n’a été informée d’aucun développement jusqu’à ce jour.

L’Observatoire rappelle que M. Franklin Mowha a été arrêté et détenu à diverses reprises dans le cadre de ses activités de défense et protection des droits humains [2]. Depuis juin 2018, il avait signalé au REDHAC se sentir menacé par des personnes non identifiées.

L’Observatoire exprime ses plus vives inquiétudes quant à la disparition forcée de M. Franklin Mowha, qui semble être liée à l’exercice de ses activités de documentation des violations des droits humains, et appelle les autorités camerounaises à mener une enquête immédiate, impartiale et transparente quant à cette disparition.

Actions requises :

L’Observatoire vous prie de bien vouloir écrire aux autorités camerounaises en leur demandant de :

i. Garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique de M. Franklin Mowha, ainsi que de l’ensemble des défenseurs des droits de l’Homme dans le pays ;

ii. Mener une enquête immédiate, impartiale et transparente afin de divulguer le lieu de détention de M. Franklin Mowha et le libérer de manière inconditionnelle ;

iii. Mettre un terme à tout forme de harcèlement à l’encontre de l’ensemble des défenseurs des droits humains, afin qu’ils puissent mener leurs activités de défense des droits humains librement et sans entraves ;
iv. Se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998, et tout particulièrement ses articles 1 et 12.2 ;

v. Assurer en toutes circonstances le respect des droits humains et des libertés fondamentales conformément aux instruments internationaux relatifs aux droits humains ratifiés par le Cameroun.

Adresses :

Son Excellence M. Paul Biya, Présidence de la République, Palais de l’Unité, Palais de l’Unité, 1000 Yaoundé, Cameroun, Fax +237 22 22 08 70
S.E. M. Philémon Yang, Premier Ministre, et Chef du Gouvernement, Primature du Cameroun, 1000 Yaoundé‚ Cameroun. Fax : +237 22 23 57 65. Email : spm@spm.gov.cm
M. Laurent Esso, Garde des Sceaux, Ministère de la justice, 1000 Yaoundé‚ Cameroun, Fax : + 237 22 23 00 05
M. René Emmanuel Sadi, Ministre de l’Administration territoriale, Fax : + 237 22 22 37 35
Dr. Chemuta Divine Banda, , Président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme et des Libertés du Cameroun (CNDHL),Fax : +237 22 22 60 82, E-mail : cndhl@iccnet.cm / cdbanda26@yahoo.fr
H.E. M. Anatole Fabien Marie Nkou, Ambassadeur, Mission permanente de la République du Cameroun à Genève, Avenue de France 23, 1202 Genève, Suisse. Fax : + 41 22 736 21 65, Email : mission.cameroun@bluewin.ch
S.E. M. Daniel Evina Abe’e, Ambassadeur du Cameroun auprès de la Belgique et de l’Union Européenne, Ambassade du Cameroun à Bruxelles, 131 av. Brugmann, 1190 (Forest), Belgique, Fax : + 32 2 344 57 35 ; Email : ambassade.cameroun@skynet.be ; embassy@cameroon.be

Prière d’écrire également aux représentations diplomatiques du Cameroun dans vos pays respectifs.

***
Paris-Genève, le 25 septembre 2018

Merci de bien vouloir informer l’Observatoire de toute action entreprise en indiquant le code de cet appel.

L’Observatoire partenariat de la FIDH et de l’OMCT, a vocation à protéger les défenseurs des droits de l’Homme victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible. L’OMCT et la FIDH sont membres de ProtectDefenders.eu, le mécanisme de l’Union européenne pour les défenseurs des droits de l’Homme mis en œuvre par la société civile internationale.

Pour contacter l’Observatoire, appeler la ligne d’urgence :
· E-mail : Appeals@fidh-omct.org
· Tel et fax FIDH : 33 1 43 55 25 18 / 33 1 43 55 18 80
·. Tel et fax OMCT : + 41 22 809 49 39 / 41 22 809 49 29

[1] Organisation de défense des droits humains basée au nord-ouest du pays, dans la région anglophone.
[2] Voir Appel Urgent CAM 002 / 0714 / OBS 066.1 de l’Observatoire.

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