Maître Nasraoui, membre du Conseil de l’Ordre des avocats et défenseuse reconnue des droits de l’Homme en Tunisie, devra répondre de l’accusation d’" aide à la réunion d’une association qui prône la haine " (il s’agit du Parti Communiste des Ouvriers de Tunisie - POCT - interdit d’activités), sur le fondement de l’article 52 bis du Code Pénal, qui vise les " crimes terroristes ", et de l’article 29 de la loi sur les associations. Elle encourt 6 mois de prison ferme et une surveillance administrative de 5 ans à l’issue de l’exécution de la totalité de la peine.
Avec elle seront jugés seize étudiant(e)s détenus depuis un an, ainsi que Fahem Boukadous, arrêté le 21 février 1999 et Hamma Hammami, le porte parole du POCT, qui vit dans la clandestinité. Plusieurs chefs d’inculpation pèsent sur eux, parmi lesquels : maintien d’une association qui appelle à la haine, appel à la rébellion et incitation des citoyens à violer les lois du pays, organisation de réunions sans autorisation...
Maître Nasraoui a été l’avocate, notamment, de Khémaïs Ksila, Vice-président de la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l’Homme, qui purge actuellement une peine de trois ans de prison pour délit d’opinion, avant d’être l’avocate des seize étudiant(e)s dont elle doit maintenant partager le sort.
Me Radhia Nasraoui est soumise à un harcèlement permanent, tant au plan professionnel (saccage de son cabinet, restrictions à sa liberté de mouvement) que familial (tentative d’enlèvement contre sa fille cadette), dont l’Observatoire est convaincu qu’il ne vise en réalité qu’à sanctionner son activité en faveur du respect des droits et des libertés fondamentales en Tunisie.
Ce procès s’inscrit dans un contexte de répression systématique des défenseurs des droits de l’Homme et de détérioration de la situation générale des droits de l’Homme dans ce pays - en particulier les libertés d’expression et d’opinion et l’exercice des droits de la défense -, dénoncé à maintes reprises par l’Observatoire, la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH) et l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT).