Condamnation confirmée pour Taoufik Ben Brik

05/02/2010
Communiqué

Paris-Genève-Copenhague, le 5 février 2010. L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, un programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), et le Réseau Euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH) ont appris avec consternation la confirmation par la Cour d’appel de Tunis le 30 janvier 2010 de la condamnation de M. Taoufik Ben Brik, journaliste tunisien indépendant et défenseur des droits de l’Homme à une peine de six mois de prison ferme.

« Nous avons accueilli cette nouvelle avec consternation mais sans aucun étonnement, a déclaré Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH. Ce jugement, prononcé par une Cour inféodée au pouvoir exécutif intervient en effet dans un contexte de recul sans précédent de la liberté de la presse en Tunisie ».

Depuis les élections présidentielles d’octobre 2009, en effet, défenseurs des droits de l’Homme et journalistes tunisiens indépendants ne peuvent plus travailler dans des conditions normales. Harcèlement, surveillance, agressions physiques, arrestations arbitraires, poursuites judiciaires et campagnes de diffamation sont leur lot quotidien.

« La répression de toute forme de contestation en Tunisie est systématique aujourd’hui, et elle s’est encore renforcée depuis la campagne électorale de 2009 », précise Eric Sottas, Secrétaire général de l’OMCT.

L’Observatoire et le REMDH, qui avaient mandaté une mission d’observation judiciaire lors de l’audience publique du 23 janvier 2010, ont constaté de nombreuses atteintes aux standards internationaux du procès équitable et aux droits de la défense, notamment la violation du principe de publicité des débats, des obstructions à la préparation de la défense de M. Taoufik Ben Brik, la violation du droit de faire interroger les témoins à charge et d’obtenir l’interrogation des témoins à décharge, du droit à un débat contradictoire et à un jugement public. Aucun diplomate n’a assisté au procès malgré les démarches entreprises par nos organisations, notamment auprès de la Commission européenne et des états membres de l’Union européenne.

M. Taoufik Ben Brik est atteint d’une maladie rare, qui affecte son système immunitaire, et doit recevoir des soins appropriés. « Nous craignons aujourd’hui que la vie de Taoufik Ben Brik soit mise en péril par ses conditions de détention, qui constituent en soi une violation caractérisée du droit au respect de la dignité de la personne humaine » a indiqué Kamel Jendoubi, président du REMDH.

L’Observatoire et le REMDH demandent instamment aux autorités tunisiennes de faire en sorte que des soins médicaux appropriés soient apportés à M. Ben Brik, et exigent sa libération dans les plus brefs délais, sa détention ne semblant viser qu’à sanctionner ses activités de défense des droits de l’Homme. Nos organisations demandent enfin aux autorités tunisiennes de se conformer aux obligations internationales qu’elles ont librement contractées et appellent la communauté internationale à réagir avec vigueur à cette « décision de justice » motivée par des considérations politiques.

Pour plus d’informations, merci de contacter :

· FIDH : Gaël Grilhot / Karine Appy : + 33 1 43 55 25 18

· OMCT : Delphine Reculeau : + 41 22 809 49 39

· REMDH : Marc Degli : +45 32 17 16

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