Lettre ouverte à Bashar El Assad, Président de la République de Syrie

13/04/2004
Communiqué

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de la FIDH et de l’OMCT, vous fait part de ses plus vives inquiétudes concernant la répression des manifestations et particulièrement de ses conséquences sur la situation des défenseurs des droits de l’Homme en Syrie.

L’Observatoire rappelle qu’un certain nombre d’arrestations ont eu lieu dans les jours qui ont suivi le grand rassemblement devant le Parlement du Peuple qui avait réuni le 8 mars dernier plus de 400 personnes, membres et sympathisants des Comités de défense des libertés démocratiques et des droits de l’Homme en Syrie (CDF) pour demander la levée de l’état d’urgence, la libération des prisonniers politiques et la mise en place de réformes démocratiques.

L’Observatoire s’inquiète particulièrement de la situation de Messieurs Ahmad Khazen et Hassan Watfa, citoyens syriens, membres des CDF, arrêtés respectivement les 15 et 16 mars 2004 à Homs par les services de la sécurité militaire, puis transférés à Damas. Selon les dernières informations communiquées par les CDF, ces deux hommes sont toujours en détention après avoir été condamnés à 45 jours de prison, en application des lois martiales en vigueur pendant l’état d’urgence.

L’Observatoire rappelle que si ces hommes devaient être traduits devant un tribunal d’exception, cela irait directement à l’encontre des normes internationales en matière de droits à un procès équitable.

De plus, Mme Mania Al Andari, une jeune étudiante de 23 ans, militante au sein des CDF, a elle aussi été convoquée samedi 3 avril 2004 par les services de la sécurité militaire à Suweida, dans le sud de la Syrie, pour avoir participé à la manifestation du 8 mars. Au cours d’un interrogatoire qui a duré sept heures, Mme Mania Al Andari a été maltraitée et menacée de viol.

L’Observatoire est extrêmement préoccupé par ces nouvelles atteintes aux libertés fondamentales et en premier lieu les libertés d’expression et de manifestation qui témoignent d’une pression accrue des autorités à l’encontre des CDF et de tous les défenseurs des droits de l’Homme.

L’Observatoire demande aux plus hautes autorités d’intervenir en vue de la libération immédiate et inconditionnelle de Ahmad Khazen et Hassan Watfa.

L’Observatoire appelle plus généralement les autorités à se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée Générale des Nations unies le 9 décembre 1998, en particulier à l’article 1, qui dispose que " chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de promouvoir la protection et la réalisation des droits de l’Homme et des libertés fondamentales aux niveaux national et international " et à l’article 5 garantissant le droit de se rassembler pacifiquement.

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