Lettre ouverte au Président libanais Emile Lahoud

15/01/2004
Communiqué
en fr

Monsieur le Président de la République

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) tient à vous exprimer sa plus profonde inquiétude suite à l’annonce de la prochaine exécution samedi 17 janvier 2004 de trois prisonniers reconnus coupables de meurtres.

La FIDH a appris que les ordres définitifs d’exécution avaient été signés pour Ahmed Mansour, reconnu coupable du meurtre de huit employés du Teachers Association Fund (TAF) dans les locaux du TAF, situés dans le district de l’Unesco de Beyrouth en juillet 2002 ; Badeih Hamadeh (alias Abu Obeida), qui a tué plusieurs soldats libanais près du camp de réfugiés palestiniens d’Ein El-Hilweh en juillet 2002 ; et Remie Zaatar, un militant pour la défense passive qui a tué quatre collègues en juin 2000.

La FIDH considère que la peine de mort est contraire à la dignité humaine et au droit à la vie proclamés dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme et par l’article 6 du Pacte International relatif aux Droits civils et politiques, ratifié par le Liban, et qui « suggère sans ambiguïté que l’abolition est souhaitable » (Observation 6 sur l’article 6). Plusieurs instruments internationaux visent à son abolition, notamment le Protocole Facultatif se rapportant au Pacte International sur les Droits Civils et Politiques.

Par ailleurs, eu égard à l’actuel processus de ratification de l’Accord d’Association entre le Liban et l’Union européenne, et à la lumière des Directives relatives à la politique de l’UE envers les pays tiers concernant la peine de mort qui affirme que « l’UE évoquera la question de la peine de mort au cours de ses dialogues avec les pays tiers (...) (et) appellera à une abolition universelle de la peine de mort, ou du moins un moratoire », la FIDH invite les autorités libanaises à ne pas procéder aux exécutions.

La FIDH craint que le Liban ne mette ainsi fin au moratoire de facto sur les exécutions. En effet, la FIDH se félicitait qu’aucune exécution n’ait eu lieu depuis novembre 1998 et nous craignons désormais que d’autres prisonniers reconnus coupables de meurtres ne soient aussi exécutés.

La FIDH demande instamment aux plus hautes autorités libanaises de ne pas procéder à ces exécutions, de commuer les sentences de tous les prisonniers reconnus coupables de meurtres, et de travailler dans le sens de l’abolition de la peine de mort au Liban.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’assurance de nos sentiments respectueux.

Sidiki Kaba
Président

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