Bruxelles, 22 février 2024. « La justice est notre arme », rappelait Johann Soufi, avocat et procureur spécialisé dans le domaine de la justice internationale, au cœur du Parlement européen de Bruxelles le 22 février, lors d’un colloque initié par la FIDH. À ses côtés ont pris la parole : Alexis Deswaef, vice-président de la FIDH, Mounir Satouri, eurodéputé du groupe Verts/Alliance libre européenne, Vusi Madonsela, Ambassadeur de l’Afrique du Sud aux Pays-Bas, Kayan Leung, avocate sud africaine et membre de Lawyers for human rights, Simone Susskind, ancienne sénatrice fédérale belge et fondatrice de Actions in the Mediterranean. Le colloque était modéré par Yosra Frawes, responsable du bureau Maghreb et Moyen-Orient de la FIDH et Maha Abdallah, représentante d’Al-Haq à Bruxelles.
Alors qu’à Gaza des civil⋅es meurent chaque jour, la FIDH réclame un cessez-le-feu immédiat et la poursuite des responsables israéliens pour les crimes commis. La plainte de l’Afrique du Sud contre Israël à la CJI (sur la base de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948) est cruciale. Elle permet une avancée majeure dans la reconnaissance et la dénonciation de ces crimes internationaux. La FIDH soutient la mise en marche de la justice internationale face à un des plus grands défis de son histoire depuis 1948.
Pour Yosra Frawes, « La plainte de l’Afrique du Sud contre Israël à la CIJ pour génocide semblait impensable il y a quelques mois à peine. Hélas, elle a été rendue possible par les agissements israéliens à Gaza. La violation systématique de tous les droits des Palestinien⋅nes, leur déplacement forcé, le meurtre de civil·es, en particulier des femmes et des enfants, l’organisation de leur dénuement et de la famine qui les frappe correspondent à une politique d’élimination qui rempli les critères de la qualification de génocide. Il faut maintenant un sursaut international pour que les décisions de la CIJ soient appliquées ».
« L’Union européenne (UE) a le devoir d’intervenir dans toute sa capacité à l’encontre d’Israël. Le risque plausible de génocide reconnu par la CIJ est un point de non retour, qui rend insoutenable l’absence de sanctions et de condamnations concertées. L’UE et ses États membres doivent reconnaitre l’État palestinien et prendre leurs responsabilités pour la paix et la justice, là où l’extrême droite au pouvoir en Israël y est opposée de façon irresponsable et criminelle », déclare Alexis Deswaef. Dans son intervention, il rappelait les opérations militaires d’Israël à Gaza, « plomb durci » et « bordure protectrice » et affirmait « c’est l’impunité pour les crimes passés qui a nourri les crimes suivants. »
Le colloque de la FIDH a fait salle comble au Parlement et a rassemblé 150 personnes en direct en ligne. Pour Éléonore Morel, directrice générale de la FIDH, l’événement prouve qu’il y a « plus qu’une curiosité du public pour ce sujet, mais un véritable intérêt. La FIDH porte le débat. Nous avons été parmi les premières ONG internationales à clairement qualifier les actions d’Israël de génocide. Et c’est notre rôle de faire dialoguer les États, les sociétés civiles et les institutions pour trouver des terrains communs et avancer pour la justice et la fin de l’impunité. »