Augmentation alarmante des violations des droits humains contre les Palestinien·nes dans les territoires occupés et en Israël

09/11/2023
Déclaration
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Vincenzo Circosta / ANADOLU / Anadolu via AFP

A Gaza, un cessez-le-feu est plus urgent que jamais pour arrêter les crimes contre les civil⋅es et permettre l’acheminement de l’aide humanitaire. La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) s’indigne des violations inadmissibles des droits humains en Israël, à Gaza et dans les Territoires palestiniens occupés. La FIDH met en garde les démocraties occidentales : leur soutien inconditionnel à l’État d’Israël et leur silence les rendent complices.

Ramallah, Jérusalem, Paris, 9 novembre 2023. Depuis le 7 octobre 2023, les organisations membres de la FIDH basées en Palestine et en Israël ont recueilli des preuves de plus en plus flagrantes d’une exceptionnelle augmentation des violations des droits humains. En l’espace de quatre semaines, Israël a renforcé son système d’apartheid, commis des massacres de civil⋅es et pris d’autres mesures répressives constituant des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité dans la bande de Gaza. En Cisjordanie, les autorités israéliennes ont facilité le meurtre et le déplacement de Palestinien⋅nes, nié leur liberté de mouvement, procédé à des centaines d’arrestations arbitraires accompagnées de détentions administratives et soumis les détenu⋅es palestinien⋅nes à des mauvais traitements ainsi qu’à des traitements qui pourraient être qualifiés de torture.

Violence des colons et déplacement forcé en Cisjordanie

En Cisjordanie, au moins 158 Palestinien⋅nes ont été tué⋅es et plus de 2 250 ont été blessé⋅es depuis le 7 octobre 2023. Durant la même période, plus de 171 attaques de colons contre des Palestinien⋅nes ont été enregistrées, dont 26 ont fait des victimes, et endommagé 115 propriétés palestiniennes. Les autorités israéliennes ont armé à grande échelle des colons juifs israéliens et des milices en Israël. Les colons ont été encouragés à confisquer les terres palestiniennes avec le soutien des forces d’occupation israéliennes. Au moins deux villages palestiniens, Al-Qanub et Wadi Al-Sik, ont été entièrement vidés de leurs habitant·es par les colons israéliens.

« Nous avons été témoins d’une augmentation dramatique du nombre d’exécutions extrajudiciaires et d’une politique de tir à vue sur les Palestinien⋅nes en Cisjordanie. Certains de ces meurtres ont été commis par des colons extrémistes israéliens armés qui résident illégalement en Cisjordanie et agissent en toute impunité, parfois sous la protection des forces d’occupation israéliennes », a déclaré Diana Alzeer, représentante d’Al-Haq et vice-présidente de la FIDH.

Arrestations arbitraires massives et mauvais traitements graves en détention en israélienne

Depuis le 7 octobre 2023, le nombre de Palestinien⋅nes emprisonné⋅es par Israël a connu une forte hausse, passant de 5 194 à 6 340 détenu⋅es au cours du mois d’octobre. Aggravant la surpopulation des installations pénitentiaires, les rapports de restriction punitive de l’approvisionnement en eau et en électricité constituent des actes de mauvais traitements et de châtiments collectifs. Israël a par ailleurs refusé l’accès aux prisonnier⋅es au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et aux familles ainsi qu’aux avocat⋅es. Le Service pénitentiaire israélien (SPI) a refusé aux prisonnier⋅es l’accès à certains services de santé, mettant particulièrement en danger ceux et celles souffrant de troubles chroniques et aigus. Il y a deux semaines, deux prisonniers sont décédés après quelques jours en détention seulement, dans des circonstances encore sous investigation du SPI - tandis que des dizaines de plaintes ont été reçues concernant la violence arbitraire et l’humiliation des prisonnier⋅es par le personnel du SPI.

En plus de ces détentions illégales et des violations des droits humains signalées, un grand nombre de travailleur⋅ses palestinien⋅nes de Gaza ont vu leur autorisation de travail en Israël révoquée. Environ 4 000 de ces travailleur⋅ses ont été arrêté⋅es arbitrairement et détenu⋅es au secret. Le 4 novembre 2023, certain⋅es ont été libéré⋅es dans la bande de Gaza toujours bombardée et présentent des signes évidents de mauvais traitements et d’abus subis lors de leur arrestation.

« Nous sommes alarmé⋅es par les nombreux rapports de mauvais traitements et d’abus envers les détenu⋅es et prisonnier⋅es palestinien⋅es dans les installations israéliennes, a déclaré Tal Steiner, directrice exécutive du Comité public contre la torture en Israël (Pcati). Les conditions punitives de détention, la violence arbitraire et l’humiliation des détenu⋅es, ainsi que la torture délibérée, devraient tous être absolument interdites et inacceptables. Associés au refus d’accès aux installations pénitentiaires du CICR, des familles et des avocat⋅es, cela soulève la préoccupation sérieuse que, sous couvert de la guerre, de telles violations des droits humains sont en cours à grande échelle et à l’abri des regards du public. »

Répression de la liberté d’expression des citoyen⋅nes palestinien⋅nes d’Israël

En Israël, les citoyen⋅nes palestinien⋅nes qui osent exprimer leur opposition aux attaques sur la bande de Gaza et au non-respect du droit international humanitaire font face à une répression majeures une persécution politique, tandis que leur liberté d’expression n’est pas respectée. Les organisations membres de la FIDH basées en Israël décrivent une véritable « chasse aux sorcières » pour celles et ceux qui défendent les droits humains des Palestiniens, en particulier à Gaza.

« La vague actuelle de graves persécutions politiques et de répression est le résultat direct d’un effort généralisé et concerté impliquant des organismes gouvernementaux, des institutions israéliennes et des groupes d’extrême droite, tous ciblant les citoyen⋅nes palestinien⋅nes d’Israël et d’autres qui expriment leur soutien ou leur solidarité avec le peuple de Gaza, a déclaré un représentant du Legal Center for Arab Minority Rights in Israel (Adalah). Nous avons documenté plus de 170 cas d’arrestations ou d’interrogatoires liés à des accusations présumées en lien avec la liberté d’expression. La plupart de ces arrestations sont extrêmement brutales, en pleine nuit et sans motif juridique. Adalah représente également 88 étudiant⋅es palestinien⋅nes, citoyen⋅nes d’Israël, faisant face à des mesures punitives dans les universités israéliennes : suspensions, expulsions, mesures disciplinaires, pour des publications sur les médias sociaux, dont beaucoup expriment simplement leur solidarité avec le peuple palestinien à Gaza. Ces mesures oppressives s’inscrivent dans une dynamique au long cours : pour Israël, tou⋅tes les Palestinien⋅nes sont des ennemi⋅es. »

Les violations des droits humains décrites ci-dessus forment un système oppressif qu’Israël impose aux Palestinien⋅nes et aux dissident⋅es israélien⋅nes. L’occupation illégale de la Cisjordanie doit être abandonnée et démantelé et le système d’apartheid contre le peuple palestinien, un crime contre l’humanité, aboli. La FIDH est solidaire des victimes de violations des droits humains et est déterminée à identifier des responsabilités pour les crimes internationaux. La FIDH appelle de toute urgence à un cessez-le-feu et à la fin du blocus de la bande de Gaza, à l’acheminement d’une aide humanitaire illimitée vers Gaza, ainsi qu’à la libération de tou⋅tes les otages. La FIDH appelle également les États tiers et la CPI à traiter sans délai les crimes internationaux commis en Israël et contre le peuple palestinien.

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