Paris, 22 novembre 2023. Lorsque les attaques de représailles d’Israël sur Gaza ont commencé en octobre dernier, les défenseur⋅es des droits humains à Gaza ont tenté d’accomplir leur mission comme dans toutes les guerres précédentes : documenter et signaler les violations des droits humains. Très rapidement l’ampleur du désastre a rendu cette tâche presque impossible. Après une semaine, l’effondrement et la destruction de Gaza les ont contraint⋅es à abandonner leur travail pour survivre.
Parmi les sept organisations palestiniennes et israéliennes membres de la FIDH, quatre ont du personnel opérant dans la bande de Gaza : Al-Mezan Center for Human Rights et le Palestinian Centre for Human Rights (PCHR), basés à Gaza, Al-Haq, dont le siège est à Ramallah et B’Tselem - Centre d’information israélien pour les droits humains dans les Territoires occupés. Avant le début de la dernière guerre d’Israël contre la bande de Gaza, plus d’une trentaine de défenseur⋅es des droits humains affilié⋅es au réseau de la FIDH y travaillaient. Ces personnes surveillaient la situation sur le terrain, fournissaient de l’assistance juridique et documentaient les abus des droits humains, indépendamment de leurs auteur⋅es.
Les défenseur⋅es des droits humain à Gaza tentent de survivre avec leurs familles
Désormais l’immense majorité des défenseur⋅es des droits humains à Gaza ont subi des déplacements forcés, la destruction de leur habitation et tragiquement pour certain⋅es, la perte de proches. Comme les 2,2 millions d’autres Palestinien⋅nes vivant à Gaza, ces personnes sont privés de nourriture, d’eau et de médicaments, risquant leur vie en sortant à leur recherche. Du fait des coupures des télécommunications et de la pénurie d’électricité, tout contact avec l’extérieur est au mieux sporadique, ajoutant à l’incertitude entourant leur situation et les crimes non documentés de l’armée israélienne.
Les organisations membres de la FIDH ayant des bureaux à Gaza déclarent qu’elles sont dans l’impossibilité de s’assurer si leurs locaux ont été bombardés ou perquisitionnés. Ces refuges pour le respect des droits humains et de la dignité humaine, renfermant des informations sensibles sur les victimes des violations des droits humains et leurs auteur⋅es, ont dû être abandonnés du jour au lendemain.
« Actuellement à Gaza sans cessez-le-feu, la force d’occupation israélienne bombarde aveuglement non seulement les civil⋅es et les objets civils, commettant des crimes internationaux, mais elle prive également des millions de personnes de leurs droits les plus fondamentaux. Les gens manquent de tous les biens de première nécessité, tels que la nourriture, l’eau potable et les médicaments. Leur droit à la vie, à la sécurité, aux soins et les droits de leurs enfants à l’éducation et au jeu, tout est compromis. Les défenseur⋅es des droits humains sont affectés comme tout le monde, ils et elles s’inquiètent pour leur vie, celle de leurs familles et de leurs enfants, et pour la première fois, ne peuvent pas rendre compte de ce qui se passe à part pour quelques témoignages fragmentés », a déclaré Diana Alzeer, vice-présidente de la FIDH et représentante d’Al-Haq.
« Comme cela a été démontré en Syrie et ailleurs, les défenseur⋅es des droits humains sont essentiel⋅les au processus d’établissement des responsabilités. Sachant cela, les régimes autoritaires harcèlent, condamnent, emprisonnent et parfois tuent les défenseur⋅es des droits humains. À Gaza, Israël les met à la rue, les bombarde, les affame et les déplace. La catastrophe humanitaire provoquée par Israël dans la bande de Gaza constitue un crime contre l’humanité en cours qui ne peut rester impuni », a déclaré Yosra Frawes, responsable du bureau Maghreb et Moyen-Orient de la FIDH.