Rétablir les conditions pour la paix au Proche-Orient

18/09/2006
Communiqué

Conférence de presse - 13 septembre 2006 au Centre d’accueil de la presse étrangère (CAPE)

En présence de :

 Sidiki Kaba : président de la FIDH
 Raji Sourani : Directeur du Palestinian Center for Human Rights, Vice président de la FIDH
 Michel Tubiana : Réseau euroméditerranéen des droits de l’Homme, Vice-président de la FIDH (Mission Liban)
 Souhayr Belhassen : Vice-présidente de la FIDH, vice-présidente de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (mission Liban)
 Sophie Bessis : Secrétaire générale adjointe de la FIDH (Mission Israël/Territoires palestiniens occupés)

A l’occasion de deux missions de solidarité au Liban, en Israël et dans les Territoires Palestiniens occupés - effectuées respectivement du 11 au 15 août et du 29 août au 2 septembre -, la FIDH, le REMDH et la Plateforme euromed ont recueilli un certain nombre de témoignages et de faits qui concluent tous à une violation flagrante du droit international humanitaire et des droits de l’Homme, que ce soit au Liban, dans le Nord d’Israël, ou encore dans les Territoires palestiniens. En outre, les dégâts occasionnés par les opérations militaires et le blocus imposé par Israël sur le Liban et à Gaza, ont considérablement contribué à une dégradation des droits économiques et sociaux des populations civiles. Une situation qui, à Gaza particulièrement, peut être assimilée à une catastrophe humanitaire.

Déterminer les responsabilités des différentes parties, punir les auteurs de crimes de guerre, garantir le droit à réparation des victimes et s’assurer de la reconstruction et de la relance de l’économie au Liban dans les Territoires palestiniens sont autant de problèmes auxquels les intervenants présents à la conférence de presse ont apporté un début de réponse.

La conférence a eu lieu en présence de Michel Tubiana et Souhayr Belhassen, en mission au Liban et Sophie Bessis, en mission en Israël et dans les Territoires palestiniens occupés.
Ils ont tous conclu à une violation flagrante du droit international humanitaire et des droits de l’Homme, que ce soit au Liban, dans le Nord d’Israël, ou encore dans les Territoires palestiniens occupés.

Raji Sourani, vice-président de la FIDH et président du Palestinien Center for Human Rights (PCHR), également présent à la conférence, a dénoncé la « situation kafkaïenne » dans laquelle se trouvent les Palestiniens qui se voient contester les résultats des élections à la suite d’un vote démocratique.

Souhayr Belhassen a mis en avant le « dynamisme du peuple libanais » et sa volonté de « trouver des solutions par lui même ». L’organisation des secours et la redistribution de l’aide se sont mis en place d’une façon très structurée : les municipalités n’attendaient pas l’aide de l’extérieur et s’organisaient sur place.

Elle a déploré, cependant, « les terribles destructions des infrastructures publiques » : « tous les ponts étaient détruits en allant vers Saïda ». Le bombardement de la centrale électrique de Jieh au Sud de Beyrouth et la marée noire qui a suivi est une catastrophe écologique qui s’ajoute aux destructions matérielles. Elle a souligné, enfin, que les bombardements n’avaient pas eu lieu seulement sur des édifices stratégiques, mais aussi sur des quartiers entiers qui ont été détruits. Enfin, elle a regretté « l’incapacité des institutions internationales d’intervenir pour arrêter cette tragédie ».

Michel Tubiana a pour sa part constaté la disproportion des bombardements et décrit une « réalité de crime de guerre de masse ». Il a mis l’accent sur la lutte contre l’impunité : « qui doit cesser, pas seulement par souci de sanction et de vengeance mais essentiellement en raison du fait que dans une situation de non droit, il importe de réinjecter du droit, il faut faire appel aux tribunaux, il est temps que les victimes obtiennent justice. ». Il a par ailleurs appelé les Franco-libanais à déposer une plainte en France.

Sophie Bessis a dénoncé : « La gravité de la situation à Gaza saute aux yeux ». Elle a décrit « un bouclage total qui dure depuis fin juin » : « au passage d’Heretz il n’y a personne ! ». Les bombardements sont quasi quotidiens ; ils détruisent des infrastructures, des routes, des maisons...

En Cisjordanie, elle a constaté une « accélération spectaculaire » de la construction du mur. Le « harcèlement de la population » palestinienne continue, il s’illustre par les heures d’attentes aux checks points de plus en plus longues et des conditions d’entrée dans Jérusalem de plus en plus difficiles.

Dans le nord d’Israël, elle a pu constater les destructions engendrées par les tirs de roquette du Hezbollah. Mais les discriminations dont ont souffert les populations arabes israéliennes par rapport à leurs concitoyens en matière de protection contre les tirs du Hezbollah sont flagrantes.

Raji Sourani décrit la Bande de Gaza comme un territoire coupé du monde extérieur, complètement bloqué. Selon lui, les relations avec Israël sont inexistantes. Or, tout est amené d’Israël : les biens de consommation, les médicaments, l’essence...Les pêcheurs n’ont plus le droit d’aller pêcher, personne ne peut quitter Gaza, et personne ne peut entrer dans le territoire. Il dénombre 300 à 350 bombes par jour. Depuis le 25 juin, il y a eu 307 morts, dont 80% de civils et 30% d’enfants. Il a poursuivi son intervention en décrivant la situation des blessés qui sont dans la majorité amputées d’un ou deux membres de leur corps. Les installations électriques sont détruites à 60%, il recense six ponts détruits et la destruction de ce qui restait de l’aéroport. Toutes les routes principales sont bombardées.

Le bilan qu’il a fait des suites du désengagement de Gaza est très noir. Selon lui, Gaza est toujours occupée, rien n’a changé si ce n’est qu’il y a de plus en plus de personnes tuées, que 80% de la population est au chômage et/ou non payées et que 90% de la population de Gaza vit sous le seuil de pauvreté. L’oppression et l’étouffement sont ressentis au quotidien par les habitants de la Bande de Gaza.

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