La FIDH est scandalisée par les témoignages faisant état de tirs à balles réelles sur des manifestants par les forces anti-émeute Berkout afin de les forcer à quitter le Maïdan et l’Hôtel de ville de Kiev. Des rapports du Kharkiv Human Rights Protection Group, étayés par des rapports antérieurs du Commissaire aux Droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, confirment le déploiement de « titouchki » — des groupes de criminels en habits civils armés de matraques, bâtons et armes à feu anti-émeute et soutenus par la police. La FIDH condamne ces méthodes qui constituent une tentative des autorités de diluer leur responsabilité dans la propagation de la violence.
L’éruption de violence survenue hier représente l’aboutissement de la répression systématique employée par l’État ukrainien à l’égard de contestataires pacifiques — une répression marquée par de nombreuses violations graves et systématiques des droits humains des activistes, y compris des violences, des tortures et des disparitions forcées.
« Même s’il apparaît que les violences de la nuit dernière ont été commises par diverses parties au conflit, ce sont les autorités ukrainiennes qui portent la responsabilité première de ces crimes, dont les auteurs doivent être poursuivis en justice », a déclaré Karim Lahidji, le président de la FIDH.
La FIDH appelle la communauté internationale à prendre des mesures fermes et à s’assurer que le Groupe d’enquête consultatif qu’a proposé d’instaurer le secrétaire général du Conseil de l’Europe Thorbjørn Jagland soit créé et se mette au travail au plus vite. Ce Groupe aura pour objectif d’identifier les responsables de ces crimes et de les traduire devant un tribunal indépendant.
D’ici à ce que les responsables soient traduits devant la justice, les partenaires internationaux de l’Ukraine doivent suspendre toutes leurs transactions financières et négociations avec ce pays ; en effet, tout contact de ce type ne pourrait être perçu que comme un soutien direct à l’attitude répressive et criminelle affichée par le gouvernement ukrainien. Dans ce contexte, la FIDH insiste pour que les autorités russes suspendent tous les prêts et toute autre forme de soutien financier promis à l’Ukraine, y compris l’acquisition d’obligations pour un montant de deux milliards de dollars annoncée lundi 17 février 2014. L’UE devrait seulement maintenir son engagement à signer et à mettre en application son Accord d’Association avec les autorités ukrainiennes, une fois que l’État ukrainien aura apporté la preuve de son adhésion inconditionnelle à la protection des droits humains, notamment en lançant des poursuites pénales relatives aux crimes commis au cours de ces derniers mois.