Terrorisme et déraison d’Etat : l’engrenage de la violence

Au nom des victimes de tous les terrorismes comme de toutes les répressions arbitraires, l’exigence universelle de protection des droits de l’Homme et de lutte contre l’impunité impose de voir juger les auteurs des crimes commis.

Mais la lutte nécessaire et légitime contre le terrorisme doit s’opérer de manière juste, dans le respect des droits de l’Homme et en application des conventions internationales souscrites.

Les autorités italiennes avaient ainsi à juste titre refusé d’extrader Abdullah Öcalan vers la Turquie compte tenu du mépris manifesté par ce pays pour les libertés fondamentales, notamment les violations constantes du droit à un procès équitable, du droit à l’intégrité physique et du droit à la vie avec notamment le maintien de la peine de mort.

C’est pourquoi, si Abdullah Öcalan doit avoir à répondre de ses actes devant une juridiction pleinement indépendante et impartiale, avec exercice complet des droits de la défense, son interpellation extrajudiciaire en territoire kenyan pour une reconduite en Turquie est inacceptable, et ne peut que susciter l’inquiétude quant au sort qui lui sera réservé par les autorités de ce pays.

Cette entorse grave à la loi internationale ne peut avoir pour plus sûr résultat que de réactiver la violence en renforçant le camp des extrémistes de tous bords au détriment des partisans de la modération.

La FIDH lance en conséquence un triple appel solennel :

 aux autorités turques, à se conformer aux prescriptions du droit international des droits de l’Homme ;
 aux militants kurdes, à garder la raison en n’affaiblissant pas leur cause par des actes irresponsables ;
 et à la communauté internationale, à prendre les mesures appropriées à destination des autorités turques afin que celles-ci se soumettent enfin au nécessaire respect de leurs obligations internationales dans le domaine des libertés et des droits de l’Homme, et en particulier dans le Sud Est du pays.

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