Yan Rachinsky, membre du conseil d’administration de la principale ONG russe de défense des droits de l’Homme Memorial Human Rights Center, a participé à ces rassemblements.
“Les autorités considèrent que l’on ne peut excercer ses droits qu’avec leur permission ; toute personne qui pense différemment est considérée comme un opposant et une menace.”
Les forces de sécurité ont répondu à cette prétendue menace en tabassant des dizaines de manifestants pacifiques avec des matraques en caoutchouc et en arrêtant de manière arbitraire de milliers d’individus, y compris des mineurs, des journalistes, voire des passants. Les manifestants arrêtés ont été maltraités dans des véhicules de police et des centres de détention, et certains d’entre eux, poursuivis en justice. À ce jour, et depuis le début du mouvement en date du 14 juillet, les autorités ont arrêté près de 3000 manifestants pacifiques et ouvert des dizaines de procédures administratives et plusieurs affaires pénales, y compris l’affaire connue sous le nom de « L’affaire Moscou », accusant 14 individus particulièrement jeunes d’avoir appelé au « soulèvement populaire ».
La répression brutale des citoyens par les autorités révèle une certaine fragilité du régime en place. Cependant, de nombreux manifestants, parmi lesquels des étudiants et d’autres jeunes gens, ne se laissent pas intimider par les atteintes à leur intégrité physique et juridique. En outre, ils s’organisent de mieux en mieux et sont de plus en plus engagés politiquement.
La FIDH exhorte les autorités russes à relâcher tous les manifestants pacifiques et à abandonner toutes les charges retenues à leur encontre. Le gouvernement russe doit permettre aux candidats indépendants de se présenter aux élections de dimanche à la mairie de Moscou, mais également enquêter sur les personnes ayant abusé de la force et à les poursuivre.
Rappel du Contexte
Depuis le 14 juillet 2019, une vague de protestation en faveur d’élections libres ne faiblit pas à Moscou. Elle a débuté en juin après que les commissions électorales locales aient utilisé des motifs montés de toutes pièces pour interdire de façon arbitraire aux candidats de l’opposition de se présenter aux élections du 8 septembre à la mairie de Moscou. La riposte brutale de la Garde nationale russe et de la police constitue une violation scandaleuse du droit des citoyens russes au rassemblement pacifique et d’autres droits civiques et politiques, les empêchant de façon efficace de participer de manière significative au processus politique.
Le rapport fournit un historique du mouvement protestataire et un décompte détaillé des mesure de répression menées par les autorités. Il explique pourquoi la réaction scandaleuse des autorités est considérée comme une violation à grande échelle du droit au rassemblement pacifique garanti par l’article 31 de la Constitution russe et par les traités internationaux relatifs aux droits humains ratifiés par la Russie, ainsi que de nombreuses autres violations.