Au moins 421 arrestations lors des manifestations pour la liberté au Bélarus

02/04/2021
Communiqué
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L’administration de Loukachenko poursuit la répression de la société civile bélarusse avec de nouvelles détentions arbitraires, alors que les protestations refont surface ce printemps. La FIDH condamne fermement la dispersion des manifestant·es pacifiques les 25 et 27 mars, et exhorte les autorités bélarusses à cesser d’entraver l’exercice du droit légitime de réunion pacifique par les citoyen·nes.

Le 25 mars, de nouvelles manifestations de masse étaient attendues, plusieurs mois après le début de la contestation pacifique, déclenchée par la fraude à l’élection présidentielle de 2020. Mais la répression du régime de Loukachenko était au rendez-vous, et plus de 400 manifestant·es sont désormais détenu·es. De nouvelles arrestations en forme de réponse aux demandes des citoyen·nes bélarusses : fin des violences, libération les prisonnier·es politiques et comparution en justice de tous les responsables des violations des droits humains, commises par ce gouvernement contesté.

Selon les témoignages, plusieurs milliers de protestataires étaient descendu·es dans les rues de Minsk et d’autres villes, à l’occasion de la Journée de la liberté du 25 mars. Le Centre des droits de l’homme "Viasna" - organisation membre de la FIDH - a confirmé qu’au moins 175 détentions arbitraires ont été décidées à la suite des manifestations.

Ce samedi 27 mars, 246 autres détentions, dont cinq de journalistes, se sont ajoutées. Certaines personnes détenues ont fait état de violences et de harcèlement, commis par la police. Le comité d’enquête mandaté par Loukachenko a annoncé l’ouverture d’une procédure pénale au titre de l’article 342 du code pénal (organisation et préparation d’actions portant gravement atteinte à l’ordre public, ou participation active à celles-ci). Le comité veut cibler les appels sur les chaînes Telegram pour la participation à des événements non sanctionnés. En outre, les autorités ont discrédité les manifestations et minimisé le soutien du public à celles-ci, en violation des normes internationales.

La FIDH souligne que selon les normes internationales des droits humains, l’utilisation excessive de la force contre des manifestant·es pacifiques contrevient au droit de réunion pacifique. La liberté de réunion, y compris dans le cadre des manifestations dites "non organisées et non autorisées", est un droit fondamental, au Bélarus également. Avec la liberté d’association et la liberté d’expression, ce droit est protégé par la Constitution bélarusse comme par le droit international des droits humains, notamment par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. La FIDH rappelle que les instances des Nations unies pour les droits humains ont souligné à plusieurs reprises le fait que le cadre juridique régissant les assemblées au Bélarus ne répond pas aux normes et standards internationaux, et ont émis des recommandations à ce sujet.

La FIDH suit depuis près d’un an la crise politique en cours au Bélarus. Depuis mai 2020, plus de 30 000 manifestant·es pacifiques ont été détenu·es par le régime, des milliers ont fait état de traitements inhumains, de violences policières, de passages à tabac, de viols et de torture. Viasna a reconnu 302 personnes comme prisonnier·es politiques, mais des milliers d’autres restent derrière les barreaux, prétendument pour leurs activités de protestation.

Ces événements démontrent la détermination du régime de Minsk à supprimer toutes les formes de dissidence et d’expression libre, y compris par la violence de masse. La FIDH réitère son appel aux autorités bélarusses pour qu’elles mettent fin aux violences contre les manifestant·es pacifiques et les journalistes, et pour qu’elles libèrent tous les prisonnier·es politiques du pays.

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