Sri Lanka : anatomie d’une répression

Akila Jayawardana / Nurphoto / Nurphoto via AFP

Paris, 31 janvier 2023. Dans un nouveau rapport, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) documente la répression incessante des manifestations nationales prolongées au Sri Lanka. Les protestations ont démarré début 2022, alors que le pays traverse sa pire crise politique et économique depuis des décennies.

Le rapport de 60 pages, intitulé « Anatomie d’une répression - La répression du mouvement de protestation aragalaya au Sri Lanka  » documente les violations graves et systématiques des droits humains commises par les forces militaires, de police et pro-gouvernement, contre les manifestant⋅es largement pacifiques. Les autorités ont également pris pour cibles les observateur⋅ices de ces manifestations, parmi lesquel⋅les des journalistes, avocat⋅es et passant⋅es.

Le mouvement de protestation, appelé aragalaya (« lutte » en singhalais), est lié à la mauvaise gestion économique prolongée du gouvernement et au mécontentement croissant de la population face à la corruption et au népotisme. Les manifestations, qui ont débuté initialement dans la capitale du pays, Colombo, se sont rapidement étendues dans les neuf provinces du Sri Lanka. Certaines d’entre elles se poursuivent à Colombo en 2023.

« En réprimant l’aragalaya, les autorités sri-lankaises ont systématiquement violé le droit et les normes internationales en matière de droits humains, en toute impunité. »

Adilur Rahman Khan, secrétaire général de la FIDH

« La récente annonce du Président Wickremesinghe qu’il recourrait à l’armée et aux pouvoirs conférés par l’état d’urgence pour empêcher la résurgence d’un mouvement de protestation devrait nous alarmer. Il est impératif que la communauté internationale reste vigilante et fasse pression sur le gouvernement pour qu’il respecte et protège les droits des manifestant⋅es », ajoute Adilur Rahman Khan.

La situation la plus inquiétante en matière de violations du droit à la liberté de réunion pacifique a été l’usage fréquent, injustifié et/ou disproportionné de la force par les autorités pour disperser les rassemblements pacifiques - y compris les tirs à balles réelles, les gaz lacrymogènes et les canons à eau. En outre, la police a régulièrement et arbitrairement arrêté des organisateur⋅ices et des participant⋅es à l’aragalaya. Nombre d’entre eux et elles ont subi des opérations systématiques de harcèlement, notamment judiciaire, d’intimidation et de surveillance.

Les autorités ont également imposé des restrictions non nécessaires et disproportionnées des rassemblements, sur la base des pouvoirs permis par l’état d’urgence et d’un recours abusif à la loi, en particulier la loi draconienne sur la prévention du terrorisme (Prevention of Terrorism Act - PTA). Parmi ces violations, les membres des forces l’ordre n’ont pas eu à répondre des abus commis contre les manifestant⋅es de l’aragalaya.

Ce rapport, réalisé avec le soutien de l’ONG sri-lankaise Center for Human Rights and Development (CHRD), est basé sur des entretiens menés entre août et octobre 2022 par la FIDH avec 42 personnes impliquées dans mouvement de contestation.

Le rapport a été publié en amont du quatrième examen périodique universel (Universal Periodic Review - UPR) du Sri Lanka tenu le 1er février 2023 à Genève, en Suisse. L’UPR est un processus onusien mené par les pairs, faisant le bilan de tous les États membres des Nations unies en matière de droits humains. En juillet 2022, dans leur soumission conjointe à l’UPR, la FIDH et le CHRD avaient déjà documenté de nombreuses violations des droits humains, y compris du droit à la liberté de réunion pacifique.

Lire le rapport (en anglais seulement) :

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