Communiqué : Atrocités carcérales à Nouméa

31/10/2011
Communiqué

Ligue des Droits de l’Homme et du citoyen de Nouvelle-Calédonie

Nouméa, le 28 octobre 2011

Chaque jour, chaque minute qui passe, l’horreur perdure au Camp Est :ce
qui s’y déroule quotidiennement est au delà de l’imaginable !
L’interrogation de tous ceux qui ont visité les lieux est toujours la
même : mais comment font-ils pour tenir ? Pourquoi cela n’implose-t-il
pas davantage ? C’est d’ailleurs le constat des Contrôleurs des lieux de
privation de liberté récemment en mission sur le Territoire : jamais ils
n’ont vu des conditions de détention aussi infamantes, nous ont-ils
déclaré.

La prison est un lieu de restriction de la liberté de mouvement, une
institution qui doit permettre la réinsertion de ceux qui ont enfreint
la loi, certainement pas une antichambre de l’enfer ou un lieu de
torture !

Car comment qualifier autrement ces cellules de 12m 2 , suintantes,
dégueulasses de crasse et de miasmes, dans lesquelles sont entassés 6
détenus dans la force de l’âge, dans l’impossibilité de se mouvoir 22
heures sur 24 ? Allez vous promener sur la « belle plage du Camp Est » à
la tombée de la nuit, vous entendrez les cris, les hurlements, les
pleurs de détenus qui deviennent fous.

Dans Les Nouvelles Calédoniennes du 14-10-2011 on pouvait lire que la
Procureure Générale s’était engagée à suspendre les peines d’enfermement
allant jusqu’à un an. Pourtant, arrivent toujours chaque semaine au Camp
Est de nombreuses personnes condamnées à des peines de un à 12 mois
d’enfermement, dont certaines sont mises à exécution après plusieurs
années ! A quand des peines alternatives à l’incarcération, conformément
à la loi pénitentiaire n°2009-1436 du 4 novembre 2009, art. 65 et 66,
qui fixe d’ailleurs la limite à deux ans (un an pour les récidivistes) ?
Voir le Décret d’application n°2010-1276 du 27 octobre 2010.

Comment peut-on croire que livrer en pâture des individus ayant commis
un délit mineur à l’ignominie de ces lieux leur permettra de redresser
leur trajectoire ? Surtout quand ils se sont entre temps réinsérés
eux-mêmes (la loi pénitentiaire prévoit ce cas) ?

Deux jeunes, très jeunes calédoniens sont morts en moins de deux
semaines, l’un tabassé par ces codétenus, l’autre pendu à des draps en
quartier disciplinaire. Les conditions de détention ont participé à ces
passages à l’acte. La responsabilité de l’État est donc pleinement
engagée.

Quant à la Mairie de Nouméa, sa responsabilité est encore plus grande.
Car c’est bien elle qui bloque depuis deux ans l’obtention du permis de
construire nécessaire à l’agrandissement (provisoire ou non) du centre
pénitentiaire. Pour des raisons de logique immobilière et en l’absence
totale d’humanité ; sa responsabilité morale vis à vis des familles
endeuillées et de l’ensemble de la société calédonienne est grande !

La saison chaude arrive, les conditions vont empirer, les esprits
s’échauffer. Combien de morts par an va-t-on attendre pour considérer ce
dossier comme prioritaire et agir en conséquence ?

La LDHC NC exhorte ceux qui en sont responsables au déblocage urgent du
permis de construire nécessaire aux travaux qui attendent leur bon
vouloir. Dans un pays démocratique et évolué, aucune logique immobilière
ne peut se placer au delà d’un des droits humains les plus élémentaires
 : le droit à la vie et à la dignité.

Le Président de la LDHC NC et les membres de la Commission Prison

Le Président de la LDH-NC et La commission prison de la LDH-NC

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