« Od s’est réfugié en Thaïlande, mais le pays est devenu de moins en moins sûr pour les demandeurs d’asile. Les autorités thaïlandaises doivent immédiatement enquêter sur le sort de M. Od et déterminer où il se trouve, et le gouvernement doit adopter des mesures garantissant les droits des demandeurs d’asile conformément aux normes internationales »
Od Sayavong, un militant âgé de 34 ans de la province de Savannaket au Laos, a été vu pour la dernière fois par l’un de ses collègues vers 17h30 le 26 août 2019 dans la maison qu’ils partagent avec deux autres collègues, située dans le district de Bueng Kum à Bangkok. C’est à peu près à ce moment là que Od quitta la maison. Il devait rejoindre ses deux autres collègues de travail plus tard dans la soirée pour dîner dans un restaurant du district de Bueng Kum, où il travaillait comme cuisinier. À 18h34, un message Facebook a été envoyé du compte d’Od à l’un des deux collègues, qui étaient déjà tous les deux au restaurant, leur demandant de faire « cuire le riz » et de l’attendre. Ce fut la dernière fois que Od donna signe. Od n’est pas rentré à la maison cette nuit-là. Le lendemain, à 17h03, l’un de ses collègues a tenté de l’appeler, mais son portable ne répondait pas. Un message envoyé par ce même collègue à Od via l’application de messagerie LINE à 17h06 est resté sans réponse et n’a jamais été marqué comme ayant été lu. Le téléphone portable d’Od semble être hors service depuis la soirée du 27 août 2019.
Od était en attente de sa réinstallation dans un pays tiers depuis que le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) à Bangkok l’avait enregistré comme personne relevant de sa compétence en décembre 2017.
« Od pourrait être la dernière victime d’une coopération accrue entre le gouvernement thaïlandais et ses homologues régionaux pour éradiquer leurs dissidents respectifs en exil. La communauté internationale doit condamner fermement cette forme de répression, apparemment coordonnée, qui réduit l’espace de la société civile dans la région »
Plus tôt dans l’année, l’activiste politique vietnamien Truong Duy Nhat, réfugié en Thaïlande, avait été enlevé. Le blogueur vietnamien avait été porté disparu le 26 janvier 2019, à Bangkok, en Thaïlande, où il avait demandé l’asile politique. On soupçonne Truong Duy Nhat d’avoir été enlevé à Bangkok par des inconnus avant d’être ramené contre son gré au Vietnam. En mars 2019, il a été révélé qu’il se trouvait dans une prison à Hanoi.
Contexte
En Thaïlande, Od Sayavong s’est engagé dans l’activisme politique et d’autres activités pour le respect et la promotion des droits de l’homme et des principes démocratiques au Laos, cela depuis au moins l’année 2015. Od est membre de ‘Free Lao’, un groupe de travailleurs et d’activistes migrants lao basés à Bangkok et dans les provinces voisines, qui militent pour le respect des droits de l’homme et la démocratie au Laos. Les activités du groupe se concentrent sur l’organisation d’ateliers et de réunions sur les droits de l’homme et la participation à de petites manifestations pacifiques occasionnelles devant l’ambassade du Laos et le siège des Nations Unies à Bangkok.
Le soir du 15 mars 2019, Od avait posté sur sa page Facebook une photo de lui-même devant le siège des Nations Unies à Bangkok, vêtu un t-shirt portant l’image d’un éléphant blanc à trois têtes se tenant sur un socle à cinq niveaux. - le drapeau officiel du Laos de 1952 à la chute du gouvernement royal en 1975. Le gouvernement laotien considère ce drapeau comme "hors-la-loi" et son étalage a fréquemment provoqué la colère de Vientiane. Le 12 juillet 2018, lors de l’examen du rapport initial du Laos par le Comité des Droits de l’Homme des Nations Unies lors de sa 123e session, la délégation du gouvernement laotien a justifié l’emprisonnement de trois citoyens lao en mars 2017 pour des peines allant de 12 à 20 ans d’emprisonnement, pour avoir déployé le drapeau à trois têtes d’éléphants blancs lors d’une manifestation pacifique devant l’ambassade du Laos à Bangkok le 2 décembre 2015 (Fête Nationale). Les trois personnes avaient précédemment publié sur Facebook de nombreux messages critiquant le gouvernement laotien concernant des allégations de corruption, de déforestation et de violations des droits de l’homme.
La FIDH est consciente du fait que les autorités laotiennes contrôlent régulièrement les comptes de médias sociaux d’activistes et d’organisations laotiennes à l’étranger.