La situation économique et sociale en Iran s’est progressivement détériorée, avec un impact immédiat sur les conditions de vie des populations. Le chômage est en hausse, l’inflation a atteint un niveau sans précédent et la plupart des gens sont dans l’obligation de cumuler plusieurs emplois, le salaire minimum ne suffisant pas à contrebalancer l’inflation. Aussi, les écarts de revenu entre les riches et les pauvres ne cessent de croitre.
Dans ce contexte préoccupant, les travailleurs n’ont pas le droit de s’organiser librement. « Les organisations ouvrières officielles sont aux mains des autorités et exercent un contrôle social sur les travailleurs. Les tentatives de ces dernières années de créer des syndicats indépendants ont été durement réprimées, et les dirigeants syndicaux ont été emprisonnés sur plusieurs accusations dont celles d‘"agissements contre la sécurité nationale" et de "propagande contre le système" », a déclaré Karim Lahidji, président de la FIDH et la LDDHI.
Certains travailleurs voient leurs droits violés en raison de leur genre, de leur appartenance à une ethnie, de leurs croyances religieuses ou bien encore de leurs opinions politiques.
« Les politiques du gouvernement marginalisent les femmes, et ce, en contradiction flagrante avec le principe universel de l’égalité entre les femmes et les hommes. Certaines mesures récentes, visant à réformer les politiques de contrôle de la population pour assurer un taux de fécondité plus élevé, ont accentué la discrimination à l’encontre des femmes », a ajouté Karim Lahidji.
Journalistes, défenseurs des droits humains et voix dissidentes sont victimes de discrimination au travail en raison de leurs opinions politiques. Outre les condamnations à l’emprisonnement, les autorités les licencient des entreprises publiques ou obtiennent leur renvoi de sociétés privées. Les membres de leurs familles sont aussi persécutés et perdent leurs emplois. Un certain nombre d’avocats et de journalistes ont été condamnés à des interdictions de longue durée d’exercer leur profession.
En dépit du secret d’État et le manque de données officielles fiables, la FIDH et la LDDHI sont en mesure de conclure à partir de sources locales crédibles et concordantes que plus de 50% des 75 millions iraniens vivent sous le seuil de pauvreté. Des rapports d’enquêtes récents ont montré que le pouvoir d’achat de la population a chuté de 72% entre 2005 et 2013. « Dans ce contexte d’augmentation de la pauvreté et du chômage, les travailleurs se retrouvent dépourvus de moyens légaux pour présenter leurs revendications et du droit à la négociation collective », a conclu Karim Lahidji.
De nombreux éléments portent à croire que les élections de 2013 ne sauront pas apporter le changement tant nécessaire. Toutefois, si le ralentissement économique se poursuit, les revendications sociales et les demandes de respect des droits du travail pourraient s’amplifier et, éventuellement, conduire à une forte contestation du régime actuel.
L’examen du deuxième rapport périodique de la République Islamique d’Iran par le Comité des droits économiques, sociaux et culturels (CESCR) des Nations Unies a eu lieu en mai 2013. Les observations finales émises par les experts du CESCR corroborent les conclusions de la FIDH et de la LDDHI.
Télécharger le rapport « Iran : augmentation de la pauvreté, la baisse des droits du travail » (disponible en anglais)