IRAN : Les mesures punitives imposées aux défenseurs des droits de l’Homme en détention doivent cesser

19/10/2012
Appel urgent
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Paris-Genève, 19 octobre 2012. L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, un programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), condamne fermement le harcèlement subi par Mme Nasrin Sotoudeh et dénonce, plus généralement, la politique consistant à faire subir des mesures punitives aux défenseurs des droits de l’Homme en détention.

Depuis son arrestation et sa détention arbitraire en septembre 2010, Nasrin Sotoudeh, membre du Centre pour les Défenseurs des Droits de l’Homme (DHRC), et avocate des droits de l’Homme reconnue pour avoir défendu des mineurs condamnés à mort, des prisonniers de conscience, des militants des droits de l’Homme et des enfants victimes d’abus, qui sert actuellement une peine de six ans à la prison d’Evin, subit des conditions de détention de plus en plus restrictives et clairement discriminatoires.

Ces dernières semaines, le jour de visite de Mme Sotoudeh ont été changé du dimanche au mercredi sans que les autorités n’apportent aucune raison légitime. En plus d’être privée de face à face avec sa famille, les nouvelles mesures qui vont à l’encontre du règlement carcéral, ont rendu les visites de sa famille de plus en plus difficiles ces trois derniers mois. Il faut aussi rappeler que Mme Sotoudeh n’est pas autorisée à passer des appels téléphoniques depuis mai 2011.

L’Observatoire rappelle que les mesures punitives contre Mme Sotoudeh ne sont pas nouvelles. Par le passé, Mme Sotoudeh a été détenue en réclusion pendant de longues périodes et privée de tout contact avec sa famille et son avocat. Elle aurait également subi des actes de torture visant à la forcer à l’aveu. Le 11 juillet, dernier les autorités ont interdit à son mari et sa fille âgée de 12 ans de se rendre à l’étranger. Leur dossier a été transmis au Tribunal de la Révolution Islamique (Branche 28), qui les a convoqués à se présenter.

En guise de protestation contre ces mesures qui violent son droit à recevoir des visites sans restriction de sa famille, Mme Sotoudeh a commencé une grève de la faim illimitée le 17 octobre, soulevant de nouvelles inquiétudes quant à son état de santé. Il est nécessaire de rappeler qu’elle a déjà failli décéder en 2010, suite à 3 grèves de la faim sèches afin de protester contre ses conditions de détention, et l’absence de procédure régulière lors de son procès.

“Les conditions de détention imposées à Nasrin Sotoudeh sont inacceptables et ont clairement pour objectif de lui imposer des punitions supplémentaires à cause de ses activités dans le domaine des droits de l’Homme”, a déclaré Souhayr Belhassen, Présidente de la FIDH.

“Les mesures punitives contre Mme Sotoudeh en détention illustrent une fois de plus la politique incessante des autorités iraniennes visant à opprimer les défenseurs des droits de l’Homme, ce qui devrait être fermement condamné par l’ensemble de la communauté internationale”, a ajouté Gerald Staberock, Secrétaire Général de l’OMCT.

L’Observatoire dénonce fermement la politique de harcèlement contre Nasrin Sotoudeh, à travers sa détention arbitraire, le harcèlement judiciaire et les mesures punitives qu’elle subit en prison, qui ont pour seul but de sanctionner ses activités légitimes dans la défense des droits de l’Homme. Il appelle aussi les autorités iraniennes à la libérer immédiatement et sans condition, ainsi que tous les autres défenseurs des droits de l’Homme emprisonnés, et de manière générale, à se conformer à la Déclaration sur les Défenseurs des Droits de l’Homme des Nations Unies, à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, et aux autres instruments internationaux pour les Droits de l’Homme ratifiés par l’Iran.

Pour plus d’information, veuillez contacter :
FIDH : Arthur Manet / Audrey Couprie : + 33 1 43 55 25 18
OMCT : Delphine Reculeau : + 41 22 809 49 39

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