Le 14 avril 2012, l’avocat de M. Reza Shahabi, trésorier et administrateur du Syndicat des travailleurs de la compagnie d’autobus de Téhéran et de la banlieue (Sherkat-e Vahed), a été informé que son client avait été condamné à six ans de prison par le Juge Abolghassem Salavati, de la section 15 du Tribunal révolutionnaire islamique. M. Shahabi était accusé de “propagande contre le régime” (un an d’emprisonnement) et “conspiration contre la sécurité nationale” (cinq ans d’emprisonnement). Il lui a également été interdit d’exercer des activités syndicales pendant cinq ans. Il a en outre été condamné à une amende de 70 millions de rials (équivalent à 3 000 euros à la date de publication de ce communiqué). Alors qu’il dispose d’un délai de 20 jours pour faire appel, M. Shahabi reste détenu à la prison d’Evin.
Bien que l’état de santé de M. Shahabi se soit détérioré pendant sa détention, les autorités pénitentiaires ne lui ont pas fourni un traitement médical approprié. En novembre dernier, il a été hospitalisé pour des douleurs dorsales et cervicales, et les médecins lui ont annoncé que certaines vertèbres cervicales étaient détériorées, et qu’une intervention chirurgicale suivie de six mois de repos absolu s’imposait – faute de quoi il risquait la paralysie complète du côté gauche. Le 31 janvier 2012, il a été hospitalisé pour subir une intervention chirurgicale, mais a été renvoyé en prison sans être opéré en raison du risque élevé. Il semble que les chirurgiens estiment qu’il lui faut quelques mois de repos absolu pour être en mesure de subir une intervention. Aux lésions cervicales s’ajoutent dorénavant des lésions dorsales, et la nécessité d’une intervention discale n’est pas à exclure. On pense que les lésions de la moelle épinière et du dos font suite aux tortures subies au sein de la section 209 du ministère du Renseignement à la prison d’Evin après son arrestation.
Le 14 avril, M. Reza Shahabi a entamé une grève totale de la faim pour protester contre la détérioration de son état de santé et sa condamnation à une peine de prison. Il réclame des soins hospitaliers et l’annulation de sa condamnation. L’Observatoire rappelle que M. Shahabi est en détention provisoire depuis plus de 22 mois, depuis son arrestation le 12 juin 2010 et que son procès s’est déroulé le 28 février 2012.
L’Observatoire rappelle en outre qu’en Iran les autorités continuent à soumettre les syndicalistes indépendants à un harcèlement judiciaire et à des peines de prison injustes, afin de réduire le nombre de ceux qui sont prêts à défendre les droits des travailleurs. Ainsi, plusieurs syndicalistes indépendants sont actuellement détenus, notamment MM. Ali Nejati, Shahrokh Zamani, Mohammad Jarrahi, Sassan Vahebivash, Behnam Ebrahimzadeh, Rassoul Bodaghi, Mohammad Hosseini, Mehdi Farahi Shandiz, Farzad Ahmadi, Mehrdad Amin-Vaziri, Pedram Nasrollahi, et Ali Akhavan.
En revanche, l’Observatoire se félicite de la libération, le 18 avril 2012, de M. Ebrahim Madadi, vice-président du Syndicat des travailleurs Sherkat-e Vahed, après avoir purgé une peine de trois ans et demi d’emprisonnement qui lui a été infligée en décembre 2008.
“En Iran, de nombreux syndicalistes subissent un harcèlement constant, notamment judiciaire, en raison de leur défense des droits de l’Homme,” a déclaré Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH. “Ils sont soit détenus arbitrairement, soit en danger d’arrestation imminente. Ces poursuites arbitraires sont simplement destinées à réduire au silence les défenseurs des droits des travailleurs, dans le cadre de la répression généralisée menée contre la société civile iranienne”.
“L’Observatoire dénonce avec vigueur la condamnation de M. Shahabi, et demande instamment aux autorités iraniennes de mettre fin à tous les actes de harcèlement à l’encontre des défenseurs des droits de l’Homme, de libérer immédiatement et sans condition ceux qui sont actuellement en détention, de prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir en toutes circonstances leur intégrité physique et psychologique, et, d’une façon plus générale, de se conformer à la Déclaration des Nations unies sur les défenseurs des droits de l’Homme, à la Déclaration universelle des droits de l’Homme et aux instruments internationaux sur les droits de l’Homme ratifiés par l’Iran”, a ajouté Gerald Staberock, secrétaire général de l’OMCT.
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OMCT : Delphine Reculeau : + 41 22 809 49 39