Genève, Santo Domingo, le 6 septembre 2023. La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), le Comité Nacional de Lucha contra el Cambio Climático (CNLCC) et l’Instituto de Abogados para la Protección del Medio Ambiente (INSAPROMA) ont publié un rapport dénonçant les violations répétées des droits des enfants et de l’environnement par l’État de la République dominicaine, n’ayant pas pris de mesures pour prévenir et réparer les dommages causés par la mise en service de la centrale thermoélectrique de Punta Catalina (CTPC, selon son acronyme espagnol).
Le rapport met en garde contre le niveau alarmant de pollution généré par la CTPC en seulement trois ans d’exploitation, pouvant entraîner la mort prématurée de 6 000 personnes au cours des 30 prochaines années, ainsi que l’augmentation des maladies associées à la combustion du charbon, mortelles pour les enfants.
Chaque jour, la centrale rejette 5 000 tonnes de cendres toxiques dans l’environnement. Ces déchets ont créé trois montagnes artificielles, situées près de sources d’eau et de terres agricoles dans la communauté de Catalina, dont les dimensions sont comparables à cinq stades de football et sont estimées à plus de 600 000 tonnes.
La situation est encore aggravée par les tempêtes qui, en traversant la région, transportent les cendres, polluant ainsi les réserves d’eau et les terres fertiles. Le rapport souligne que les particules et les gaz polluants émis par la centrale atteignent également Haïti, Cuba et la Jamaïque.
À cet égard, l’analyse du rapport met en évidence les risques qui existent en ce qui concerne l’accès à l’eau potable, une nutrition adéquate et la jouissance d’un environnement sûr, nécessaires à la survie, à la croissance adéquate et au développement des enfants.
Un rapport présenté devant l’ONU
Le rapport, présenté au Comité des droits de l’enfant (CRC), qui examine la situation en République dominicaine aujourd’hui, repose sur des données collectées et vérifiées par des recherches sur le terrain, notamment une étude sur la contamination de la CTPC, soutenue par une équipe interdisciplinaire d’expert⋅es et d’institutions universitaires internationales.
Selon Jimena Reyes, directrice du programme Amériques de la FIDH, « Les actes de corruption entourant l’attribution et la construction de Punta Catalina sont scandaleux. Des pots-de-vin de plus de 39,5 millions de dollars versés par Odebrecht expliquent sans doute comment l’État de la République dominicaine, l’un des pays les plus vulnérables face au changement climatique, a décidé de construire une centrale électrique au charbon, qui a été achevée en 2020 ».
La FIDH, l’INSAPROMA et le CNLCC concluent que la République dominicaine a manqué à son devoir de respecter et de protéger les droits des enfants. De même, en construisant et en exploitant la centrale thermoélectrique de Punta Catalina avec de graves défauts structurels, l’État est responsable des niveaux élevés de pollution et des risques pour la santé de la population caribéenne dans son ensemble
Enrique de León, représentant du CNLCC, exige « La fermeture immédiate de la centrale thermoélectrique de Punta Catalina, ainsi que la mise en œuvre de mesures pour nettoyer les endroits affectés et mettre fin aux actes de corruption et de pollution qui touchent des milliers d’enfants ».
De même, le Comité des droits de l’enfant est exhorté à contraindre la République dominicaine à réparer les dommages causés par la CTPC, y compris l’indemnisation des familles qui, en raison de la pollution environnementale, ont vu leurs moyens de subsistance gravement affectés.