Le rapport « Affaire Jean-Claude Duvalier et consorts : En Haïti, on poursuit l’enquête, pas les criminels’ », présenté aujourd’hui à Port au Prince, revient sur les différentes étapes de la procédure à l’encontre des responsables du régime de Jean-Claude Duvalier. Entamée en 2008, la procédure ne fut réellement lancée qu’au retour de Jean-Claude Duvalier en Haïti en janvier 2011.
Le rapport rappelle les obstacles que les victimes parties civiles et leurs avocats ont dû surmonter, et les difficultés rencontrées encore aujourd’hui pour clôturer le supplément d’instruction demandé par la Cour d’appel en février 2014, afin de renvoyer les responsables devant une Cour d’assises pour être jugés pour crimes contre l’humanité et crimes financiers.
Seules 7 des 17 personnes visées initialement sont encore en vie, alors que d’autres proches du pouvoir de Jean-Claude Duvalier pourraient - et devraient - être inculpés et renvoyés en jugement. Si le décès de Jean-Claude Duvalier le 4 octobre 2014 a affaibli l’intérêt médiatique et les pressions de la communauté internationale, les rescapés des geôles de l’ancien régime et des familles de disparus attendent toujours un procès, plus de trente ans après la fin de la dictature.
Si l’affaire des crimes contre l’humanité commis sous le régime de Jean-Claude Duvalier ne doit pas être la seule procédure sur les crimes du passé à devoir prospérer et aboutir à des condamnations, son caractère emblématique lui confère un pouvoir de levier pour d’autres procédures sur les crimes de sang commis durant les différents régimes haïtiens. La lutte contre l’impunité des crimes du passé ne peut que contribuer à renforcer la justice actuelle en Haïti.
Nos organisations appellent les autorités haïtiennes à démontrer une réelle volonté de faire de la justice, de la lutte contre l’impunité et de l’État de droit une priorité, en garantissant l’indépendance du pouvoir judiciaire tout en lui accordant des moyens suffisants pour mener à bien sa mission. Les autorités doivent également lever l’omerta sur les périodes sanglantes du pays et activement participer au devoir de mémoire et au droit des victimes à la vérité.