Haïti a connu de nombreuses périodes de violences politiques et de violations graves des droits humains commises lors de gouvernements autoritaires, dont ceux de François et Jean-Claude Duvalier mais également de Jean Bertrand Aristide, et à l’occasion de coups d’Etat récurrents et sanglants. Aucun mécanisme satisfaisant d’établissement de la vérité ni de procédure judiciaire indépendante et impartiale n’a pu jusqu’à présent aboutir pour restituer les victimes dans leurs droits et contribuer à la construction d’une mémoire collective pourtant indispensable à la non répétition de ces crimes. C’est à ce constat que les travaux du colloque ont voulu se confronter et établir des pistes d’action.
Les participants au colloque ont relevé les défis liés au travail de documentation des violations des droits humains, essentiel à l’établissement de la vérité et des faits, tout particulièrement en matière de sécurité pour les victimes et témoins, ainsi que de l’accès aux archives officielles des différents gouvernements autoritaires.
Les participants et nos organisations appellent ainsi les autorités haïtiennes à garantir les droits et la sécurité des victimes luttant pour que justice soit faite, et à faciliter l’accès aux documents officiels des différentes époques de violence. Ces conditions sont essentielles au travail crucial d’établissement des faits et des responsabilités, et à tout travail de mémoire.
"Faire la lumière sur les violations des droits humains du passé contribue au nécessaire travail de mémoire d’une nation. Sans une active politique mémorielle, une connaissance et éducation sur les crimes des régimes autoritaires du passé, les citoyens ne peuvent s’approprier leur histoire et contribuer à un présent meilleur."
Les participants au colloque ont souligné les faiblesses de la justice haïtienne et l’impunité persistante dont bénéficient les auteurs de graves violations des droits humains en Haïti. De nombreuses expériences venues d’Argentine, du Pérou ou encore du Guatemala, ont montré l’importance de la définition d’une stratégie contentieuse par les avocats et ONG en soutien de victimes de crimes du passé, qui aille de pair avec un travail de plaidoyer national, régional et international.
Si la mobilisation de la société civile est un élément important dans toute lutte pour une justice effective, les participants et nos organisations appellent les autorités haïtiennes à prendre leurs responsabilités et démontrer par des actes clairs que la justice et la poursuite des auteurs de violations graves des droits humains est une réelle priorité.
"L’impunité est un réel fléau en Haïti. Les autorités doivent renverser la tendance et démontrer d’une volonté politique pour garantir une justice forte, indépendante et impartiale dans le pays. Personne n’est au-dessus de la loi ; il faut que ce principe devienne une réalité afin que les crimes du passé ne puissent se répéter."
Pour avoir un aperçu des discussions lors du colloque « Lutte contre l’impunité pour les crimes du passé et justice transitionnelle » organisé par le RNDDH, la FIDH et le HCDH, et avec le soutien de l’Union européenne, les 25-27 septembre 2017 à Port-au-Prince, consultez le « storify » du colloque : https://storify.com/FredericGo/lutte-contre-l-impunite-et-justice-transitionnelle |
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