Violence et impunité.

23/01/2004
Communiqué

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) exprime sa plus vive inquiétude suite à la multiplication de manifestations de violence affectant Haiti, notamment autour du bicentenaire de l’indépendance le 1er janvier 2004, les célébrations ayant été marquées par des affrontements entre les manifestants opposés au gouvernement et les forces de l’ordre. Entre deux et six manifestants auraient été blessés par balle.

Par ailleurs, le 7 janvier 2004 a été aussi marqué par de nombreux actes de violence à Port-au Prince. Une manifestation anti-gouvernementale a été attaquée par des personnes non identifiés. Trois personnes ont été tuées par balles et plusieurs étudiants et activistes pro-gouvernementaux ont été blessés au cours des évènements.

Le 13 janvier 2004, plusieurs hommes armées ont détruit les équipements de huit radios privées : Radio Commerciale, Radio Plus, Radio Kiskeya, Magic Stereo, Signal FM, Mélodie FM, Radio Ti Moun et Radio Galaxie. Ces radios sont de tendances diverses : certaines sont considérées proches du pouvoir tandis que d’autres ont largement couvert des manifestations d’opposants.

Le 15 janvier 2004, des manifestants de l’opposition ont été attaqués par des activistes pro-gouvernementaux à Saint Marc. Trois manifestants ont été blessés par des armes à feu. Ce même jour, les partisans de l’opposition ont brûlé les locaux de Radio Pyramide dans cette même localité. Le domicile de M. Freneau Cajuste, procureur du gouvernement a également été incendié.

Le 18 janvier 2004, des hommes armés non identifiés ont ouvert le feu sur des manifestants de l’opposition blessant 6 personnes à Port au Prince.

La violence et les attaques contre les radios et les journalistes se sont également multipliés pendant les derniers mois de 2003 et notamment pendant le mois de décembre. Entre le 16 et 17 décembre, les locaux de Radio Pyramide, Radio Solidarité, deux radios pro-gourvernementales, et de Radio Maxima et Radio Vision 2000 ont été attaqués. Par ailleurs, plusieurs journalistes partisans du départ d’Aristide ont été menacés.

La FIDH dénonce fermement l’ensemble de ces actes de violence et demande au gouvernement haïtien d’ouvrir dans les plus brefs délais des enquêtes indépendantes et transparentes afin de juger et punir selon la loi les responsables de ces actes. Cette violence vise très souvent à limiter la liberté d’opinion, de manifestation et de réunion, garanties par les articles 19 et 20 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. La FIDH rappelle qu’il incombe à l’Etat haïtien de garantir l’ensemble de ces libertés et l’intégrité physique des citoyens haïtiens.

La FIDH se félicite de la résolution du Parlement européen, adopté à l’unanimité, qui condamne également les actes de violence à Haiti, et qui demande l’ouverture d’une enquête et invite à un dialogue constructif entre les parties.

La FIDH soutien, par ailleurs, les recommandations de l’expert indépendant sur Haiti, Louis Joinet, publiées le 21 janvier 2003, en vue de la prochaine session de la Commission de droits de l’Homme de Nations Unies.

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