Menaces de mort

23/07/2004
Appel urgent

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de
l’Homme, programme conjoint de la FIDH et de l’OMCT, vous prie
d’intervenir d’urgence à propos de la situation suivante au Tchad.

Nouvelle information :

L’Observatoire a été informé par le Collectif des Associations de
défense des droits de l’Homme (CADH), de menaces de mort à l’encontre
de MM Evariste Ngaralbaye et Allahissem Ibn Miangar, tous deux
journalistes à la radio FM Liberté, créée par des ONG indépendantes
de défense des droits de l’Homme dont elle est devenue le principal
relais au Tchad.

Selon les informations reçues, ces menaces seraient liées à une
interview du musicien ivoirien Tiken Djah Fakoly effectuée le 30 mai
2004 par les deux journalistes. A cette occasion, M. Djah Fakoly
s’était exprimé de façon critique à l’encontre des régimes
dictatoriaux en Afrique.

Depuis cet entretien, plusieurs tracts ont été envoyés au siège de la
radio et distribués dans les rues voisines, le dernier en date étant
signé du 09 juillet 2004. Ces tracts anonymes signés par des "
escadrons de la mort " menacent explicitement de mort les deux
journalistes, leur reprochant d’appeler leurs auditeurs à la révolte.

Ces faits ont été régulièrement dénoncés auprès de la police
nationale de N’Djamena mais aucune enquête n’a été ouverte à ce jour
et les auteurs de ces tracts n’ont pas été identifiés. L’Observatoire
craint que ces auteurs ne soient liés aux autorités nationales,
d’autant que dans les jours suivants l’émission, la police est venue
saisir l’enregistrement de l’interview.

L’Observatoire est vivement préoccupé par ces menaces visant MM. 
Ngaralbaye et Ibn Mianga, qui constituent une nouvelle étape dans la
répression dont la radio a déjà été victime (voir ci-dessous). Ces
faits constituent une atteinte supplémentaire à la liberté
d’expression au Tchad et s’inscrivent en contradiction avec la
Déclaration de l’ONU sur les défenseurs des droits de l’Homme qui
prévoit en son article 6(b) que " Chacun a le droit, individuellement
ou en association avec d’autres [...] conformément aux instruments
internationaux relatifs aux droits de l’homme et autres instruments
internationaux applicables, de publier, communiquer à autrui ou
diffuser librement des idées, informations et connaissances sur tous
les droits de l’homme et toutes les libertés fondamentales ".

Rappel des faits :

La station de radio FM Liberté avait été fermée par arrêté du
ministère de
la Sécurité publique et de l’Immigration, en date du 21 octobre 2003.
Sa fermeture faisait suite à une émission qui s’était tenue le 14
octobre, et qui avait émis des critiques à l’égard du Président de la
République du Tchad, M. Idriss Deby.

Se fondant notamment sur " l’illégalité du fonctionnement de la radio
/FM Liberté/ ", qui avait vu à plusieurs reprises son activité
suspendue les mois précédents, l’arrêté ne se référait à aucune loi
régissant la communication. En outre, le ministère de la Sécurité
publique et de l’Immigration n’est pas habilité à prendre une telle
décision, qui relève de la compétence du Haut Conseil de la
Communication. Or, celui-ci n’a pas été consulté dans cette affaire.
Enfin si la fermeture d’une radio peut être décidée par le ministère
en cas de menace pour la sécurité de l’Etat, l’arrêté ne faisait
qu’invoquer " un fonctionnement illégal et un comportement déviant ",
et n’avançait aucun élément permettant de conclure à une menace pour
la sécurité publique. La station a été autorisée à rouvrir ses portes
le 17 décembre 2003, par arrêté du ministre de la Sécurité publique
et de l’Immigration, M. Abdramane Moussa.

Actions demandées :

Merci d’écrire aux autorités tchadiennes et de leur demander de :

i. Garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et
psychologique de M. Evariste Ngaralbaye et de M.Allahissem Ibn
Miangar et mettre un terme immédiat à toute forme de menace à leur
encontre.

ii. Mener une enquête indépendante et impartiale sur les menaces
décrites ci-dessus, afin que leurs auteurs soient dûment identifiés
et poursuivis.

iii. Se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les
défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée Générale
des Nations unies le 9 décembre 1998, en particulier à l’article 1,
qui dispose que " chacun a le droit, individuellement ou en
association avec d’autres, de promouvoir la protection et la
réalisation des droits de l’Homme et des libertés fondamentales aux
niveaux national et international " et à l’article 6 (b) précité.

iv. Se conformer aux dispositions des instruments internationaux
relatifs aux droits de l’Homme liant le Tchad et notamment celles du
Pacte international relatif aux droits civils et politiques portant
sur la liberté d’expression.

Adresses :

 M. Idriss Deby, Président de la République, Présidence de la
République, B.P. 74 N’Djamena, Tchad, Fax : (235) 51 45 01 ;
presidence@tchad.td

 M. Moussa Faki, Premier Ministre, Primature N’Djamena - Tchad
Fax (235) 52 20 89

 M. Kalzeubé Pahimi, Ministre de la Justice, Garde des Sceaux,
Ministère de la Justice BP. 426 N’Djaména - Tchad ; Tel./Fax (235)
52 21 39

 Mr Moctar Wawa Dahab, Ministre de la Communication, porte-parole du
Gouvernement
Ministère de la Communication N’Djaména Tchad, Fax (235) 52 65 60

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