La police anti-émeutes réprime une manifestation pacifique

11/06/2001
Rapport

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) proteste énergiquement contre la répression violente exercée par la police anti-émeutes à N’Djaména envers une manifestation pacifique d’une centaine de femmes devant l’Ambassade de France.

Cette répression a occasionné quatorze blessés, dont l’avocat Jacqueline Moudeïna.Selon les informations reçues, une manifestation de femmes a eu lieu ce matin devant l’Ambassade de France, pour exprimer leur mécontentement à l’égard du " rôle joué par la France dans le soutien au régime de Déby aux dernières élections présidentielles ". Les femmes réunies pacifiquement souhaitaient remettre une motion à l’Ambassadeur de France pour protester contre le soutien et " la complicité " de la France dans le " hold-up " électoral organisé par l’actuel Président de la République.Alors que les manifestantes demandaient à être reçues, des véhicules remplis d’éléments anti-émeutes ont encerclé l’Ambassade. La police civile a alors demandé qu’on lui remette le texte de la motion. Les éléments des forces de sécurité ont ensuite demandé où se trouvait Maître Jacqueline Moudeïna, et ont lancé une grenade dans sa direction, la blessant à la jambe droite. Maître Moudeïna est actuellement à la clinique " Providence " dans l’attente de recevoir les soins appropriés. La FIDH rappelle que Maître Moudeïna est le responsable juridique de l’Association tchadienne pour la promotion et la défense des droits de l’homme (ATPDH, membre correspondant de la FIDH) et l’avocat des victimes tchadiennes dans les poursuites judiciaires engagées à l’encontre de l’ancien dictateur Hissein Habré. Or, la police anti-émeutes était dirigée au moment des faits par Mahamat Wakaye, ancien haut responsable de la DDS, sinistrement célèbre pour avoir été l’instrument de terreur de l’ancien Chef d’Etat Hissein Habré.Depuis plusieurs jours, la tension était très perceptible à N’Djaména, où un impressionnant dispositif de sécurité a été déployé dans les rues principales. La FIDH déplore la répression exercée à l’encontre des populations tchadiennes qui manifestent pour montrer leur opposition à la confiscation du pouvoir par les autorités actuelles. La FIDH rappelle que les opposants politiques avaient subi des brutalités policières à maintes occasions, qui ont entraîné un mort et l’arrestation de plusieurs des leaders d’opposition, depuis heureusement libérés. Elle rappelle en outre que l’opposant Yorongar avait subi des mauvais traitements de la part notamment du Directeur de la sécurité publique, Ramadan Erdebou, nécessitant son départ pour la France afin d’y recevoir les soins nécessaires.La FIDH exhorte les autorités tchadiennes à respecter les libertés fondamentales, conformément à leurs engagements internationaux, et à traduire en justice les auteurs des crimes et violations graves des droits de l’homme commis au Tchad. Elle appelle en outre les autorités à respecter les valeurs démocratiques et la volonté populaire, seule issue possible pour le peuple tchadien soucieux de voir instaurer au Tchad un véritable Etat de droit.

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