Etat d’urgence de fait

28/05/2001
Rapport

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) exprime sa très vive préoccupation à l’égard du climat de violence qui règne à Ndjaména à la suite de la proclamation des résultats provisoires de l’élection présidentielle au Tchad.

Selon nos informations 4 jeunes militants de l’opposition ont été tués, ce matin au cours d’une descente des forces de sécurité au domicile de Monsieur Saleh Kebzabo, où se tenait une réunion de concertation des candidats de l’opposition. Messieurs Ngarlejy Yorongar, Ibni Oumar Mahamat Saleh, Wadal Abdel Kader Kamougue, Saleh Kebzabo, Delwa Kassiré Coumakoye et Jean Bawoyeu Alingué, ainsi que 19 autres militants qui se réunissaient au domicile de Monsieur Kebzabo après l’interdiction par les autorités de Ndjaména du meeting prévu ce matin, ont été conduits de force au commissariat central de Ndjaména par la police. Ils ont été retenus pendant quelques heures avant d’être relâchés. Contactés au téléphone, ils affirment pour la plupart avoir été brutalisés au moment de leur arrestation et tabassés dans les locaux de la police qui a confisqué les objets et autres documents qu’ils avaient en leur possession.
La situation reste très tendue dans la capitale, où un impressionnant dispositif de sécurité a été déployé dans les rues, aux endroits stratégiques et aux abords des domiciles respectifs des leaders de l’opposition.
Les résultats provisoires proclamés par la CENI donnent le candidat Idriss Déby vainqueur de l’élection présidentielle, alors qu’hier la tendance des résultats donnée par le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) laissaient entrevoir un ballottage entre lui et son principal opposant Ngarlejy Yorongar.
La FIDH rappelle que le respect des valeurs démocratiques et de la volonté populaire est la seule issue possible pour le peuple tchadien soucieux d’instaurer un Etat de droit respectueux des principes démocratiques et des droits de l’Homme.
Une confiscation du verdict des urnes, susceptible d’embraser le pays ne ferait qu’accroître les souffrances d’un peuple qui veut enfin rompre avec un passé marqué par des années de guerre civile et de graves violations des droits de l’Homme, qui ont laissé une économie exsangue
La FIDH dénonce les brutalités policières sur les militants de l’opposition. Elle condamne le recours à la force comme moyen de répression sur les manifestations pacifiques de l’opposition qui ont causé la mort de 4 militants de l’opposition. Elle s’associe en outre à ses partenaires locaux pour exiger la poursuite des auteurs de la mort de quatre jeunes militants de l’opposition.
La semaine dernière déjà, la garde présidentielle avait ouvert le feu sur un adolescent qui avait stationné devant la Présidence de la République pour réparer son vélo.
La FIDH appelle à la cessation des actes d’intimidation des forces de sécurité et à éviter tout recours disproportionné et arbitraire à la force.
Enfin, elle appelle les autorités tchadiennes à respecter les libertés fondamentales et les droits de l’Homme, conformément à leurs engagements.

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