La détérioration de la situation au Darfour est très préoccupante, avertissent des ONG

08/01/2011
Communiqué

8 janvier 2011 - Les violences au Darfour risquent de prendre de l’ampleur pendant et après le référendum sur l’autodétermination du Sud Soudan, qui doit débuter demain, avertit une coalition d’ONG de défense des droits humains et de plaidoyer. Cette coalition, qui comprend notamment Human Rights Watch, l’African Centre for Peace and Justice Studies et The Enough Project, recommande vivement au Conseil de sécurité de l’ONU de réclamer des rapports publics réguliers sur la situation humanitaire et des droits humains au Darfour et sur l’ensemble du territoire soudanais, afin de pouvoir suivre la situation sur le terrain de façon appropriée.

« Il apparaît clairement que la situation au Darfour ne cesse de s’aggraver », a déclaré Jehanne Henry, chercheuse sur le Soudan à Human Rights Watch. « Mais la communauté internationale omet de suivre et de répondre comme il se doit à la situation au Darfour. »

La situation au Darfour s’est détériorée dans les semaines précédant le référendum, avec une reprise du conflit entre les forces gouvernementales soudanaises et les rebelles de l’Armée de libération du Soudan fidèles à Mini Minawi, signataire de l’Accord de paix de 2006 sur le Darfour – devenu lettre morte - dans plusieurs endroits du Nord et du Sud-Darfour. Les affrontements et attaques conduites contre les civils par les forces gouvernementales à Khor Abeche, Shaeria et Shangil Tobaya ont provoqué le déplacement de 32 000 personnes.

En dépit de la présence de la mission de maintien de la paix de l’ONU et de l’Union africaine (MINUAD) au Darfour, les civils restent vulnérables aux attaques et aux violations des droits humains. A Khor Abeche, dans le Sud-Darfour, les forces gouvernementales ont même empêché les civils de trouver refuge auprès des casques bleus. Pendant ce temps, les violations des droits humains, y compris les violences sexuelles, ont persisté à l’intérieur et à l’extérieur des camps de personnes déplacées à travers le Darfour.

« La première mesure à prendre pour améliorer la protection des civils est de fournir des rapports publics sur les besoins en matière de droits humains et de protection », a déclaré Souhayr Belhassen, présidente de la Fédération Internationale des ligues des Droits de l’Homme. « Les Nations unies devraient au minimum fournir des rapports réguliers, circonstanciés et indépendants sur la situation humanitaire et les droits humains dans le Nord-Soudan, dont le Darfour, et dans le Sud-Soudan. »

Malgré la présence de casques bleus et de membres du personnel civil de l’ONU, il n’est guère possible de se procurer des informations relatives à la sécurité dans cette région et à l’impact des violences sur les civils. Le bureau des droits de l’Homme des Nations unies n’a pas publié de rapports publics sur les questions des droits humains au Darfour depuis deux ans. Le Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires a cessé de publier des rapports sur les besoins humanitaires pour le Darfour depuis fin 2009, et la MINUAD n’a que récemment commencé à publier des comptes rendus trop sommaires. La coalition appelle la MINUAD à élargir la portée géographique et le niveau de détail de leurs rapports.

Les autorités gouvernementales et les groupes rebelles empêchent l’ONU et autres agences d’avoir accès à de nombreux endroits du Darfour où vivent des dizaines de milliers de déplacés. Les arrestations de journalistes et de militants darfouris fin octobre et début novembre par le gouvernement, conjuguées à l’expulsion de 13 ONG en 2009, ont contribué à créer un vide en matière d’information.

« La communauté internationale ne peut répéter les erreurs du passé et permettre qu’un conflit éclate au Darfour alors que son attention se porte ailleurs. En acceptant cette absence d’information, elle se dérobe à l’engagement qu’elle a pris de protéger les civils face aux violences commises au Darfour », a souligné le Docteur Monica Serrano, Directrice exécutive du Global Centre for the Responsibility to Protect.

La coalition appelle également les parties soudanaises à respecter le droit international humanitaire et à permettre aux organisations humanitaires d’avoir librement accès aux populations dans le besoin, quels que soient leur appartenance ethnique et le lieu où elles se trouvent, et elle invite le Conseil de sécurité de l’ONU à insister sur ce point.

Le Soudan accueille sur son territoire la Mission des Nations unies au Soudan (MINUS) dans le Nord et le Sud-Soudan, ainsi que l’opération hybride UA/ONU au Darfour.

 FIN -

Ce communiqué est signé par les organisations suivantes :
Aegis Trust
African Centre for Peace and Justice Studies
Coalition arabe pour le Darfour
Darfur Consortium
Enough
Fédération Internationale des ligues des Droits de l’Homme (FIDH)
Global Centre for the Responsibility to Protect
Human Rights First
Human Rights Watch
International Refugees Rights Initiative
Italians for Darfur
Johanniter Unfall Hilfe
Save Darfur/GI-Net
Society for Threatened People
Sudan Advocacy Forum
Sudanese Human Rights Monitor (SHRM)
Waging Peace

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