Congo : Vague de répression contre les opposants au projet de nouvelle constitution

15/12/2015
Communiqué
AFP

(Paris, Brazzaville) La FIDH, l’OCDH et les membres de la campagne #MonVoteDoitCompter expriment leurs vives inquiétudes à la suite d’une série d’arrestations et d’intimidations visant les opposants politiques au pouvoir en place à la suite de la mobilisation contre le référendum constitutionnel en République du Congo et, dénoncent en particulier l’arrestation de l’opposant politique Paulin Makaya à Brazzaville.

« A peine un mois après le référendum constitutionnel, la répression s’abat sur tous ceux qui ont exprimé pacifiquement leur opposition au référendum pour une nouvelle constitution qui doit permettre au président en place 31 ans durant de se maintenir au pouvoir. Le régime du Président Sassou Nguesso montre son vrai visage et sa conception de la démocratie : les opposants doivent être réduits au silence. Nous exigeons du gouvernement congolais la libération immédiate de tous les prisonniers politiques et en particulier celle de Paulin MAKAYA  » ont déclaré les organisations.

Depuis la période pré référendaire jusqu’à l’annonce des résultats du référendum du 25 octobre 2015, jugé non crédible par nos organisations et la communauté internationale, le Gouvernement congolais n’a cessé de porter atteinte aux droits humains, notamment en procédant à de nombreuses arrestations de militants politiques et de responsables de l’opposition.

Le 30 octobre 2015, M. Paulin Makaya, président des Forces républicaines et démocratiques (FRD), opposant farouche au référendum organisé par le Président Sassou Nguesso et un des leaders des manifestations pacifiques des 20 et 21 octobre 2015, a été victime d’une tentative d’arrestation à son domicile par des éléments de la police lourdement armés. En l’absence de ce dernier, son domicile a été pillé et saccagé. M. Paulin Makaya a alors porté plainte contre X devant le tribunal de grande instance de Brazzaville.

Le 23 novembre 2015, Paulin Makaya s’est présenté au bureau du Procureur de la République près le tribunal de grande instance de Brazzaville pour suivi de sa plainte, où contre toute attente, il a été appréhendé par des éléments de la police et conduit au commissariat central de police, puis placé en garde à vue jusqu’au 30 novembre. Le 1er décembre 2015, il a finalement été présenté au parquet de Brazzaville qui lui reproche les chefs : de « troubles à l’ordre public, détention illégale d’armes de guerre et incendie de bâtiments publics » lors des manifestations anti-référendum et placé sous mandat de dépôt. Il aurait été entendu le 9 décembre 2015 par un juge d’instruction. Outre ces accusations qui semblent fondées sur des motivations uniquement politiques, la perquisition effectuée le 30 octobre en son absence est manifestement illégale et la procédure judiciaire initiée à son encontre apparaît dès lors sans fondement, faisant de M. Paulin Makaya un prisonnier d’opinion détenu arbitrairement.

Les autorités congolaises ont également procédé à d’autres arrestations au sein de l’opposition. Ainsi, le 24 novembre 2015, 11 personnes proches de l’opposant André OKOMBI SALISSA, président de la Convention d’action pour la démocratie et le développement (CADD), un parti d’opposition, auraient été arrêtés à Brazzaville. Le 12 décembre 2015, Alain KESSI NGOYA, secrétaire général de la CADD a été arrêté avec 4 autres personnes à Brazzaville et son actuellement détenus incommunicado au siège de la Direction générale de la sûreté du territoire (DGST). D’autres sont activement recherchés. Ainsi,MM. Nicolas KOSSALOBA et Augustin KALA-KALA, respectivement coordinateur, coordinateur adjoint de la CADD seraient également activement recherchés par les services de sécurité.

Depuis octobre 2015, les arrestations et les intimidations se poursuivent sur l’ensemble du territoire de la République du Congo. Dans une note de position intitulée Confiscation des libertés et violations massives des droits de l’Homme en République du Congo, la Commission Diocésaine Justice et Paix (CDJP) de Pointe Noire et la Rencontre pour la Paix et les Droits de l’Homme (RPDH) font un bilan de cette vague de répression en cours confirmé par l’ensemble des informations de nos organisations réunies.

Contexte
Le 22 septembre dernier, Denis Sassou Nguesso, a exprimé sa volonté de tenir un référendum pour décider d’un « changement » de la Constitution en vigueur en République du Congo depuis 2002, ceci pour lui permettre de briguer un troisième mandat présidentiel. Les opposants au référendum, qui y voient une tentative de coup d’État constitutionnel, se sont massivement mobilisés et ont été sévèrement réprimés mardi 20 et mercredi 21 octobre 2015, entraînant la mort d’au moins une vingtaine de personnes à Brazzaville, Pointe Noire et d’autres localités du pays d’après le bilan établi par nos organisations. Les bilans officiels parlent de 4 victimes.

Le président Denis Sassou Nguesso est au pouvoir depuis 1979. En 1992, il perd les premières élections pluralistes avant de revenir au pouvoir par les armes en 1997 à la suite de plus de deux années de guerre civile. En 1999, les services de sécurité du régime sont accusés d’avoir éliminés plus de 300 disparus du Beach de Brazzaville, des réfugiés retournant au Congo. Une affaire toujours pendante devant la justice française. Depuis, les élections de 2002 Le président Denis Sassou Nguesso est réélu à la faveur d’élections contestées.
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