REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO : Les défenseurs en première ligne dans un contexte d’instabilité à l’Est du pays

11/12/2012
Appel urgent
RDC

Paris-Genève, le 11 décembre 2012. L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), s’alarme de la série de menaces et d’intimidations à l’encontre de défenseurs dans un contexte d’insécurité croissante au Nord Kivu (à l’Est de la RDC) depuis l’offensive des rebelles du M23 contre l’armée congolaise et en particulier depuis la prise successive des villes de Rutshuru, Goma et Sake.

Les forces du M23 ont en effet systématiquement intimidé et parfois directement menacé toute personne ou organisation dénonçant les violations des droits de l’Homme commises dans ces zones. Ainsi, plusieurs membres du Centre de recherche sur l’environnement, la démocratie et les droits de l’Homme (CREDDHO) et d’autres organisations de défense des droits humains ont entre autres été menacés par téléphone et ont été contraints de quitter la ville de Goma avec le soutien de la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), d’organisations internationales de défense des droits de l’Homme ou par leurs propres moyens par crainte pour leur sécurité. M. Josué « Blaise » Mukubwa Karume, président de la section Sud Kivu de l’Association africaine de Défense des droits de l’Homme (ASADHO)[1], a notamment fait l’objet de menaces et d’actes de harcèlement.

Par ailleurs, alors que la ville de Goma était contrôlée par les forces du M23, du 20 novembre au 1er décembre 2012, la quasi-totalité des organisations ont dû fermer leurs locaux et suspendre leurs activités.

L’Observatoire exprime sa vive préoccupation quant à ces menaces à l’encontre des militants de la société civile congolaise, qui ne visent manifestement qu’à sanctionner leurs activités de défense des droits de l’Homme. L’Observatoire rappelle que le M23, officiellement rebaptisé Armée révolutionnaire congolaise (ARC), est en grande partie composée d’anciens combattants du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), dont le leader militaire, Bosco Ntaganda, demeure recherché par la Cour pénale internationale pour les crimes commis par ses troupes pendant la guerre des Kivus entre 2007 et 2009. Ces mêmes éléments qui composent aujourd’hui le M23 connaissent et menacent les défenseurs des droits de l’Homme qui ont dénoncé ou risquent de dénoncer leurs crimes.

De même, certains des 1 260 détenus de la prison de Goma libérés par le M23 lors de la prise de la ville menaceraient des défenseurs des droits de l’Homme et des victimes pour avoir contribué à leur inculpation et leur détention.

L’Observatoire demande instamment aux autorités congolaises et aux responsables de l’ARC / M23 de garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique des défenseurs des droits de l’Homme congolais et à se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998. L’Observatoire appelle également les autorités congolaises et les responsables de l’ARC / M23 à garantir la restitution des biens des organisations de défense des droits de l’Homme qui auraient été pillés au cours des violences.

Pour plus d’informations, merci de contacter :
· FIDH : Arthur Manet / Audrey Couprie : 33 1 43 55 25 18
· OMCT : Delphine Reculeau : + 41 22 809 49 39

[1] Cf. appel urgent de l’Observatoire COD 008 / 1212 / OBS 115.

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