Mozambique : La protection des défenseurs des droits humains doit être au centre des priorités à l’approche des élections

© Luis Miguel Fonseca

Suite à une mission au Mozambique effectuée en mai 2023, l’Observatoire pour la protection des défenseur.es des droits humains (un programme conjoint de la FIDH et de l’OMCT) et le Réseau mozambicain des défenseur.es des droits humains (RMDDH) sortent aujourd’hui un rapport sur la situation des défenseur.es des droits humains et de l’espace civique dans le pays. À la veille des élections municipales et générales, la protection des défenseur.es des droits humains devrait être au centre des priorités des autorités nationales et de la communauté internationale.

Paris, Genève, Maputo, 29 Septembre 2023. Le célèbre défenseur des droits humains, le Dr Anastácio Matavel, a été brutalement assassiné à Xai-Xai, dans la province de Gaza, le 7 octobre 2019, une semaine avant les élections générales qu’il devait observer. Cet événement tragique, parmi tant d’autres attaques, menaces et répressions contre les défenseur⋅es des droits humains dans le pays, est considéré comme une attaque directe contre la société civile dans sa poursuite d’activités légitimes d’observation des élections.

Quatre ans plus tard, à l’approche des élections municipales du 11 octobre 2023 et des élections générales de 2024, la situation des défenseur.es des droits humains reste critique, car l’impunité des auteur⋅trices de violations des droits humains reste élevée et l’espace réservé à la société civile continue de se rétrécir. Telles sont quelques-unes des conclusions d’une mission de terrain menée par l’Observatoire pour la protection des défenseur.es des droits humains fin mai 2023 à Maputo, au Mozambique, qui sont rendues publiques aujourd’hui dans la note « Silenced Voices. Attacks Against Human Rights Defenders and Civil Society in Mozambique ».

« L’environnement de travail des défenseur.es des droits humains au Mozambique est très difficile. Iels sont constamment confronté.es à la diffamation, aux menaces, aux agressions physiques et même aux meurtres. L’impunité pour les crimes commis contre les défenseur⋅es des droits humains est malheureusement une pratique courante. Les défenseur⋅es des droits de la terre et de l’environnement, en particulier, paient un lourd tribut dans leur lutte contre l’industrie extractive, comme dans la province de Cabo Delgado », a déclaré Alice Mogwe, présidente de la FIDH et directrice de DITSHWANELO - le Centre des droits humains du Botswana.

Le rapport souligne, entre autres tendances de répression, la menace à la liberté d’association que constitue le projet de loi sur la création, l’organisation et le fonctionnement des organisations à but non lucratif, en cours de discussion, la discrimination de fait contre les organisations LGBTQIA+, qui se voient constamment refuser l’accès à la justice depuis des décennies, ou la répression violente des manifestations pacifiques, comme ce fut le cas pour les marches en l’honneur du rappeur Azagaia en mars dernier.

« J’espère que dans les jours et mois à venir, avant les élections générales de 2024 au Mozambique, nous verrons des mesures positives être prises en faveur des défenseur.es des droits humains, telles que des mesures concrètes pour prévenir les attaques et le harcèlement à leur encontre ; la promotion de récits positifs autour du rôle clé qu’ils jouent dans la société ; et la création d’un espace de dialogue et de coopération entre eux et les autorités ; entre autres  », a ajouté Gerald Staberock, Secrétaire Général de l’OMCT.

« Notre ami bien-aimé Anastácio Matavel a payé le prix ultime pour avoir reconnu que la démocratie ne se gagne pas simplement en restant assis sur une chaise ; cela nécessite de descendre dans la rue et de lutter pour que les communautés aient une voix. C’est pour lui et pour d’autres qui ont fait de tels sacrifices que nous persistons aujourd’hui à lutter pour le respect des droits humains, pour honorer leur mémoire et, surtout, pour renforcer la détermination de ceux et celles qui se lèvent chaque matin, prêt.es à faire en sorte que d’autres puissent exercer leurs droits », a déclaré le professeur Adriano Nuvunga, président du RMDDH et directeur exécutif du Centre pour la démocratie et les droits humains (CDD), organisation membre de la FIDH au Mozambique.

Lire la note complète en anglais et en portugais sur le site de la FIDH, en anglais et en portugais sur le site de l’OMCT.

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